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Citation de Partemps


Maciej Niemiec

WERNICKE

Matin, température basse.
Le visage comme un poisson du frigo
tombe du miroir accroché
au fond du couloir.
La journée ne commence pas bien.
Ses étagères sont inclinées dès le matin,
par suintement accumulée depuis
des semaines de la vase, ils tombent
gelés, immangeables les poissons
dans leurs armures irisées
de chitine. Siffle la bouilloire froide
dans laquelle l’eau ne bout pas.
L’indescriptible est la matière des rêves.
L’appartement est parcouru par des étrangers,
sans y prendre garde ils piétinent le visage
qui gît sur le plancher comme une petite baleine.
Les amis morts murmurent quelque chose
sous le gazon. La mémoire, qui
ne falsifie pas, devient glissante comme une vitre.
Elle discourt dans une langue étrangère.
Elle rampe sur le mur
comme un dartre. Elle discourt
dans une langue étrangère pour les sources
d’où jaillit de la poussière.
Sa langue est aussi étrangère que si je ne l’avais
jamais eue dans la bouche. Elle dit que
l’invisible détruit ce qui est visible
et qu’il est difficile d’y trouver des directions. –
Sa musique obstinée contre
son silence obstiné. Les petites choses
ont grandi et veulent être comme le chaos
des grandes choses de l’éternité.
Elles ont des visages à voie étroite.
Elles voudraient grandir encore, et
privées de mémoire discerner les esprits,
alors que même eux, un jour, ont dit seulement :
Le vide est forme
Les démons sont entrés en vous
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