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Citation de doyoubnf


« La méthode que nous cherchons à exposer est celle de la sociologie de la connaissance. Il y a de modes de pensée qui ne peuvent être compris de la manière adéquate tant que leur origine dans la société demeure obscure – telle est la thèse maîtresse de la sociologie de la connaissance. Il est vrai, cela dit, que seul l’individu est apte à la pensée. Il n’y a pas quelque être métaphysique tel l’esprit de groupe, qui penserait par-dessus la tête des individus et à leur insu, et dont ils reproduiraient simplement les idées. Mais il serait faux d’en conclure que toutes les idées et les émotions qui animent un individu ne trouveraient leur origine qu’en lui et ne pourraient s’expliquer de manière adéquate qu’à raison de sa propre expérience de la vie.

De même qu’il serait incorrect d’inférer toute une langue à partir d’un seul individu [...] aussi inexact serait-il d’expliquer la totalité d’une personne en ne se fondant que sur l’ontogenèse. [...] Il parle la langue de son groupe social ; et il pense à sa manière. Il trouve à sa disposition certains mots et leur signification, lesquels ne déterminent pas seulement dans une large mesure son accès à son environnement, mais manifestent en même temps de quel point de vue et dans quel contexte pragmatique des objets ont jusqu'alors été perceptibles et attingibles pour le groupe ou l’individu.
[...]
Ce ne sont donc pas les hommes comme tels qui pensent, ni des individus isolés qui pourvoient à la pensée, mais des hommes dans des groupes sociaux déterminés, qui, dans une série sans fin de réactions à certaines situations typiques, caractéristiques de leur position commune, ont cultivé un style de pensée spécifique. [...]
Du fait que sa croissance se fait dans la société, tout individu est prédéterminé, et ce dans une double acception du terme : il se retrouve face à une situation toute faite et, dans cette situation, il se retrouve face à des modèles de pensée et de comportement préformés. [...]

Cela ne signifie pas, toutefois, que dans les domaines où l’appartenance à un groupe et l’horizon pragmatique semblent constituer un élément essentiel de la situation toute possibilité d’autocontrôle intellectuel, critique, serait vaine. Puisque se découvre ce qui s’était dissimulé jusqu'à maintenant – que la pensée dépend de l’existence de groupes sociaux et qu’elle s’enracine dans l’agir – peut-être devient-il pour la première fois vraiment possible d’aboutir dans la pensée, moyennant réflexion, à un nouveau genre de contrôle des facteurs jusqu'à maintenant incontrôlables » (p.2-4)
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