Bien que Saint-Icitte du bout du monde puisse s’adresser à tous, il est difficile de comprendre le choix de l’éditeur de le publier pour la jeunesse. Est-ce pour ses jeux de mots parfois absurdes ou sa structure répétitive, qui rend sa lecture facile? Si la littérature jeunesse n’a pas de définition précise, elle signifie généralement une littérature qui place la jeunesse au centre de son récit ou qui offre une histoire qui plaira particulièrement aux enfants ou aux adolescents. Ici, aucun enfant, ne serait-ce que quelques allusions aux enfantastiques vivant au village! En commençant Saint-Icitte du bout du monde, j’avais même l’impression de plonger dans l’ambiance d’un roman grand public sur l’isolement d’un village, dans un décor qui pourra rappeler au lecteur celui auquel Fred Pellerin a habitué son public. Mon premier contact avec le roman a d’ailleurs été très positif : atmosphère complexe tranquillement créée, personnages diversifiés et mystérieux, richesse de la langue…
J’ai cependant déchanté au fur et à mesure que les chapitres avançaient. Tous construits sur le même cadre, ils présentent la bergère visitant un villageois qui décide de s’ouvrir à elle. Celui-ci révise alors ses préjugés la concernant et finit par lui confier ses problèmes, auxquels la bonne étrangère trouvera dans la minute qui suit le remède miracle à ses maux. Et si une opinion favorable se crée envers la visiteuse lors de cette rencontre, le Saint-Icittois, par peur du jugement de ses concitoyens, décidera finalement de privilégier l’ignorance envers sa bienfaitrice. Après trois ou quatre visites de ce type, le lecteur s’attend nécessairement à un rebondissement, à un changement de rythme. S’il y a bien quelques péripéties à l’histoire générale, l’auteure revient incessamment aux visites anecdotiques et archi-répétitives de l’étrange étrangère, et ce, du début à la toute fin du roman!
Pour chaque villageois, qui a un métier et une personnalité propres, Katrine Parent colore son texte d’une myriade de calembours liés à son occupation. Les jeux de mots sont constamment renouvelés et drôlement réussis. Cela impressionne, bien sûr. Toutefois, l’accent du livre étant extrêmement mis sur ces diverses rencontres, qui se répètent page après page avec exactement la même structure, la trame principale de l’histoire en souffre et tient finalement le second rôle – qui parait même un prétexte aux jeux de mots! De mon côté, j’en ai ainsi été détourné et m’en suis lassé. Dommage, car la fable en soi, qui en sort au final bien pâle, avait un fort potentiel entre les mains de cette auteure à la belle plume.
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