Keith Beaumont

Cet ouvrage reprend les cinq communications, ainsi que la présentation et la conclusion du colloque qui s’est tenu le 14 octobre 2010 au Collège des Bernardins à Paris. Sous le titre « Lire John Henry Newman au XXIe siècle », les diverses interventions constituent à la fois une introduction, une invitation à la lecture du bienheureux cardinal Newman, donnent un aperçu de la diversité de son œuvre et donc les différentes portes pour entrer dans celle-ci.

Après une courte introduction resituant le cardinal Newman et rappelant le sens de sa béatification, la première communication, du P. Keith Beaummont, intitulée « le sens de la conversion de Newman » écarte une approche trop radicale qui réduirait Newman en porte étendard de la conversion au catholicisme. En effet, si l’entrée dans la pleine communion de l’Église catholique romaine de 1845 marque une rupture dans la vie de Newman, la période catholique de sa vie demeure dans la continuité de sa vie anglicane sous divers aspects dans la vie et les écrits de John Henry Newman soulignés ici par Keith Beaumont.

Cette continuité est manifeste dans la théologie et la dévotion mariales, justifiées par l’Incarnation elle-même, et dont Mgr Olivier de Berranger montre la fécondité dans la seconde communication de ce recueil. Pour Newman, la Vierge Marie se présente comme le parfait modèle des chrétiens, à la fois modèle des « simples » et des « docteurs », car elle est le type de « l’assentiment réel » qui « puise dans le réservoir d’images vives perçues et gardées dans la mémoire » et « unifie le regard de l’intelligence porté sur elles ».

Revenant sur la notion d’assentiment, la communication dense de Sr. Pascale Vincette, « Foi et raison chez Newman », demandera au lecteur peut familier de Newman un léger effort. Le rapport entre foi et raison est un thème qui couvre l’ensemble du corpus newmanien mais que Newman traite plus spécifiquement dans quelques sermons et dans l’un des ouvrages les plus complexes de son œuvre : La Grammaire de l’Assentiment. Newman y invite son lecteur à penser par lui-même, tout en l’encourageant « à croire en nous rappelant que nous sommes responsables de ce que nous choisissons de croire ».

Ce choix de croire est illustré par Grégory Solari dans son intervention ayant pour titre : « John Henry Newman : De la conscience à l’Église ». De toute la vie de Newman, la quête de la vérité a été le moteur. Avec l’expérience spirituelle de 1816 où il fit la découverte de la relation profonde entre un « je humain » et un « Je divin », se pose donc la question de la conciliation entre la conscience et l’acceptation du magistère extérieur à l’individu. Et l’auteur de montrer que pour Newman, conscience et magistère vont de pair et se fortifient mutuellement.

Dans la dernière des communications, Didier Rance pose la question de la pertinence pour le chrétien d’aujourd’hui des sermons de Newman dont seul une moitié des quelques 1200 a été conservée. Après avoir envisagée la pertinence des sermons de Newman sur ses contemporains, l’auteur rappelle les dix raisons établies par Louis Bouyer pour souligner la « magie […] qui reste dans ces volumes [de sermons] et qui opère presque infailliblement ». Quittant l’autorité des témoins du passé, Didier Rance dans une seconde partie de son propos dessine comment un sermon doit être pertinent pour Newman lui-même, pour en venir, dans un troisième temps à s’intéresser à la pertinence du contenu des sermons du Bienheureux Cardinal pour le croyant du XXIe siècle. La pertinence des sermons de Newman tient dans le fait qu’ils révèlent que le but est la sainteté et qu’elle passe par « “le retour au réel”, à la réalité de la réalité qu’est la vie en Dieu » que Newman situe dans un juste équilibre entre crainte et amour et une ascèse nécessaire qui peuvent apparaître pour l’homme contemporain comme une « salutaire douche froide ».

Keith Beaumont, après avoir rappelé que la conversion n’est pas le fait d’un instant mais le processus de toute une vie comme le montre l’existence de Newman, donne un panorama de l’ensemble des interventions et la conclusion au colloque et à l’ouvrage en soulignant l’importance des notions de « complémentarité » et de « réel » chères au Bienheureux Cardinal qui invite « à sortir de nos ornières idéologique et à rester nous-mêmes lus près du réel ».

Ce petit recueil présente différents textes de John Henry Newman pour permettre au lecteur de prendre comme compagnon d’une année le nouveau Bienheureux. Ces textes, donnés sans aucune note ni référence, parfois très courts, peuvent donner tant à réflexion qu’à méditation à l’exemple de cette phrase donnée pour le 12 août : « Obéir à Dieu, c’est être près du Christ, et désobéir, c’est être loin de lui ».

Grâce à cet ouvrage de poche, la figure du cardinal Newman rejoint de grands spirituels dont les textes sont également présentés dans cette collection. C’est ainsi que Newman prend place à côté de sainte Thérèse d’Avila, de saint Jean de la Croix, de la bienheureuse Teresa de Calcutta et du bienheureux Jean-Paul II.