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Citation de art-bsurde


En utilisant sans compter tout le pouvoir de l’État central, les thatchériens avaient réussi, en une quinzaine d'années, à briser toute velléité d'opposition politique organisée à la privatisation de la société britannique (on se rappelle la réplique désormais célèbre de Margaret Thatcher à la question d'un journaliste sur l'effet de sa politique sur la société britannique, où elle affirmait que la « société » n’existait pas, et que seuls comptaient les individus et leurs familles). Les autorités locales, dont beaucoup restaient aux mains de l'opposition travailliste, furent strictement contrôlées, et leur capacité de lever des impôts locaux, et donc de développer une politique sociale, fut limitée de manière draconienne ; les plus récalcitrantes des institutions locales – les conseils métropolitains – furent tout simplement abolies ; les syndicats furent affaiblis et finalement ligotés dans leur action revendicative et politique par un travail à la fois idéologique et juridique réparti sur l'ensemble de la période ; de ce fait, le pouvoir des directions d'entreprise fut massivement consolidé – ce qui permit d'imposer progressivement une nouvelle discipline d'acier, la fameuse « flexibilité », dans les entreprises britanniques, renforcée par un chômage de masse et une précarisation accrue de l'ensemble des salariés britanniques. Les bases traditionnelles du consensus keynésien de l'après-guerre – économie mixte, réseau étendu de protection sociale, collaboration tripartite dans la gestion économique – furent brisées : l'économie est désormais massivement sous contrôle privé ; ce qui reste des institutions de l’État-providence souffre d'un sous-financement chronique qui ne fait qu'ajouter au discrédit idéologiquement construit autour d'elles par les idéologues néo-libéraux ; les activités syndicales sont plus contraintes et policées qu'à n’importe quelle autre période depuis le début du siècle (on se rappellera que l'objectif affiché, et très largement atteinte, par von Hayek était de revenir à la situation antérieure à la loi de 1906). C'est surtout dans les conditions réelles de l'exercice du travail salarié que les effets de la révolution néo-libérale ont été les plus profonds et les plus inquiétants. Aujourd'hui le marché du travail britannique est le plus déréglementé d'Europe et les salariés britanniques les moins protégés en ce qui concerne leurs conditions de travail et d'emploi (un salarié britannique ne bénéficie, par exemple, d'aucune protection contre un licenciement abusif pendant les deux premières années de son contrat).
Le Royaume-Uni est ainsi devenu le pays du « néo-libéralisme réellement existant », et l'interprétation de la réalité britannique est devenue, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, un véritable enjeu dans la bataille des idées.
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