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Citation de enkidu_


Après que j’eu reçu à Alger la nouvelle de la mort en martyr de mes deux frères, je décidai de ne vivre que pour un seul objectif : suivre la voie de mes trois frères, morts en martyr. Je décidai de rendre la vie infernale aux mécréants sur toute la côté d’al-Jazaîr ainsi que sur la mer. Je n’avais plus rien qui m’attachait à cette vie.

Je ne me voyais plus rester à Alger. Cette région du Maghreb était en effet remplie de trop de traîtrise et d’hypocrisie. ‘Urûdj attendait des renforts qui devaient parvenir du royaume de Fès, avec qui il avait pourtant entretenu de bonnes relations et qui s’était engagé à le soutenir contre l’ennemi espagnol. Mais il s’était fait trahir et avait dû, cette fois, se sacrifier entièrement jusqu’à la dernière goutte de sang. Sa tête avait été arrachée de son corps et emportée en Espagne chez ce roi tyran, heureux d’avoir pu tuer mon frère. Ils avaient ensuite fait circuler sa tête à travers toute l’Espagne.

Toutes ces considérations m’avaient poussé à envisager de quitter Alger et retourner naviguer libre sur la mer, sans aucune responsabilité de régence et de gouvernance. Était-il possible de gouverner un peuple qui nous rejetait parce que nous étions étrangers, parce que nous avions une culture différente de cette région, qui avait ses propres us et coutumes ? Notre religion aurait pourtant dû nous pousser à nous réunir. Malheureusement, depuis plus de dix ans maintenant, nous avions observé que peu de personnes s’attachaient réellement à leur religion, la plus part des gens étant attirés par les biens matériels de ce bas-monde et ne recherchant que les richesses que nous pouvions leur apporter.

J’étais usé par cette situation, et j’étais déterminé à partir. Je fis mes préparatifs et convoquai le divan d’Alger, qui rassemblait les hauts dignitaires de la ville. Je les informai de ma décision. Tous, sans exception, la rejetèrent et voulurent me convaincre de rester.

Un vieil homme rempli de sagesse se leva et me dit : « Tu ne peux partir maintenant. Avec la mort de ton frère, il est inévitable que les Espagnols envisagent d’attaquer Alger. Qui, mieux que toi, peut défendre cette ville ? Si tu pars, tu seras responsable devant Allah de la prise d’Alger par Ses ennemis et de tout le sang des musulmans qui périront, hommes, femmes et enfants. Tu as donc le devoir absolu de protéger cette ville ! » (pp. 127-128)
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