Kim Faber

+++++++ UN PAYS EN HIVER +++++++



La veille de Noël une puissante bombe explose à Nytorv en plein centre de Copenhague faisant de nombreux blessés et 19 morts, dont 6 enfants de moins de 14 ans.



L’inspectrice Signe Kristianson et son chef Erik Merlin de la brigade criminelle de la capitale danoise ignorent s’il s’agit d’un règlement de comptes entre gangs rivaux ou bien d’un attentat terroriste.



Pendant cette période de fin d’année dans la petite ville de Sandsted, de l’autre côté du Danemark, le boucher Bent Larsen est brutalement assassiné chez lui et son épouse Annette Levi, une infirmière, a disparu.



Sandsted, près de la frontière suédoise, est l’endroit où le collègue de Signe, l’inspecteur Martin Juncker, a été exilé à la suite d’une faute professionnelle : une brève escapade amoureuse avec la séduisante avocate d’un suspect.



"Vinterland" , paru en 2019 à Copenhague, est le premier roman policier du couple de journalistes Janni Pedersen, présentatrice à la télé danoise, et son mari, Kim Faber, chroniqueur au quotidien "Politiken" et auteur d’un ouvrage sur la guerre du Kosovo en 1998-1999.



Ce roman a été traduit dans une dizaine de langues, entre autres en Espagnol ("Tierra de invierno"), mais bizarrement toujours pas en langue française !



C’est vraiment dommage, car outre un récit captivant, ce livre offre une analyse en profondeur et équilibrée des problèmes liés au conflit entre l’extrême droite en Scandinavie et les réfugiés en provenance des pays arabes.



Plus particulièrement au Danemark depuis la parution, en septembre 2005, dans le quotidien danois "Jyllands-Posten" des fameuses caricatures de Mahomet et les réactions offensives dans le monde arabe.



Un sujet resté hélas d’actualité avec l’agression toute récente de Salman Rushdie, auteur des "Versets sataniques", par un fanatique d’origine arabe à Chautauqua dans l’État de New York, conforme à une fatwa par l’ayatollah Khomeini d’Iran de 1989 !



Faber et Pedersen avancent l’image d’une collaboration entre néonazis et djihadistes et la création d’une nouvelle organisation terroriste, baptisée "Brigade Ettel-al-Husseini" en hommage au diplomate nazi à Téhéran, Erwin Ettel (1895-1971), et l’ami d’Hitler, Hadj Amin al-Husseini, le grand mufti de Jérusalem (1895-1974), dans les années 1930-1940.



Cette organisation est constituée d’éléments scandinaves d’extrême droite en charge de l’organisation des coups terroristes et des fanatiques de Daesh pour leur exécution.



Pour nos inspecteurs Signe et Juncker, en coopération avec les services secrets danois (PET) et suédois (Säpo), évidemment un sacré défi.



Les auteurs ont réalisé un remarquable travail de préparation, tant sur le plan historique, qu’au niveau de la psychologie des personnages.

Leur description de la situation effective au centre d’asile pour réfugiés mineurs à Sandsted est, dans ce contexte par exemple, des plus convaincantes.



J’ai hâte de lire le second roman de Kim Faber et Janni Pedersen qui vient de paraître dans ma langue et qui aborde des questions similaires avec le même duo d’inspecteurs.