Ce récit est le témoignage d'une journaliste anglaise, Lara Pawson qui retrace son parcours de correspondante de guerre, comme une déambulation en suivant le fil de ses souvenirs, enchaînant ceux-ci au fur et à mesure par association de mots, d'idées, de situations.
Cela va vite, il y a comme une urgence à partager son amour pou l'Afrique mais aussi de sa vie actuelle, avec ses constatations sur le monde où elle vit désorais, sur le racisme, la guerre et ses horreurs, sa place de femme-journaliste, sur la misère, la peur, l'angoisse et sur une obsession qui revient régulièrement dans le récit : vous êtes un homme ou une femme ?
Et elle y va franco Lara, elle a tant vu, tant vécu, qu'elle ne peut se retenir lorsqu'elle est face à certaines situations, en Afrique ou en Angleterre :
Au beau milieu d'une conversation, il y a peu de temps, j'ai entendu la question : "il est noir comment ?". Dans le silence qui a suivi, j'ai pris sur moi pour juguler ma rage. J'ai seulement répondu : "Mais toi, tu es blanc comment ?" (p45)
C'est une forte personnalité, frôlant parfois la mort, l'accident, mais rien ne l'arrête, elle fonce, elle veut voir, comprendre, vivre
Aujourd'hui, ma soeur s'en souvient comme d'un signe avant-coureur de mon goût pour la confrontation. Selon elle, il est révélateur de mon courage. Mais je ne suis pas courageuse. Je suis en colère. (p123)
Oui la narration est décousue, elle est faite de petits paragraphes qui vont aussi vite que les souvenirs reviennent, qu'un mot en entraîne un autre, qu'elle associe une situation à une autre..... mais la chronologie a peu d'importance en fin de compte. L'important est le ressenti, le vécu.
C'est le récit d'une femme énergique, que plus rien ne peut effrayer, qui garde un profond attachement àl'Afrique, malgré la violence, les injustices, la peur, la misère. Elle a un peu de recul sur son inconscience parfois face au danger, mais ce n'est pas une femme qui recule, qui renonce. Elle veut savoir, comprendre, témoigner.
Lecture parfois difficile mais dans des pays en guerre comment cela ne le serait-il pas et Lara Pawson ne prend pas de gants : elle a son franc-parler, elle agit d'abord et réfléchit parfois après, n'écoute pas toujours les conseils qui lui sont prodigués.
La dernière phrase qui donne son titre au récit. quand elle annonce son départ :
De nouveau le vieil homme secoue la tête. Ne fais pas cela, reste là. C'est ici, l'Angola. C'est là où tout se passe. (p138)
Lien :
http://mumudanslebocage.word..