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Citation de AnneBoulangerPecout


Vivre dans un pays aussi riche de ses différences que la France fait qu’on devient riche à l’intérieur de soi-même. Et qu’on accepte la diversité des religions, des couleurs et des goûts. (p 96)
J’ai essayé d’offrir à mes enfants une harmonie entre deux cultures, deux richesses. Pas question que ce soit « la France dehors et le Maroc dedans ». Je me demande d’ailleurs si le mal-être de certains jeunes n’est pas dû à l’incapacité ou au refus des parents d’appliquer le principe auquel je me suis tenue : Nous, parents du Maghreb et d’Afrique, nous venons avec des richesses du cœur que nous devons transmettre à nos enfants tout en leur reconnaissant le droit à une seconde culture dans laquelle ils rechercheront d’autres richesses du cœur. (p 97)
Je garderai pour toujours le souvenir de l’humiliation qui nous a été infligée dans ce commissariat où j’ai eu l’impression, pour la première fois de ma vie, qu’on nous traitait de la sorte parce que nous étions arabes. Le mort s’appelait Imad Ibn Ziaten. Par conséquent, il ne pouvait qu’être objet de suspicions. (p 105)
Confrontée aux difficultés administratives et aux procédures officielles en tout genre, je me posais cette question : si on se comporte de cette façon avec la maman d’un innocent et avec une famille qui s’est engagée à être de ce pays, comment se comporterait-on avec les jeunes des cités ? Comment écouterait-on leurs parents ? Comment leur concéderait-on des droits et une dignité ? Il m’arrivait même de penser : celui qui a tué mon fils est un assassin, certes, mais il se peut qu’il soit une victime aussi. La délinquance, les foyers, la drogue, l’absence d’éducation, l’humiliation et le rejet. Avait-il été aidé, suivi ? Avait-il trouvé dans la République un second père comme je l’ai trouvé en elle ? (p 134)
Ce jour-là, j’ai compris. Et j’ai reçu en pleine figure une autre détresse que la mienne.
Quelque chose bloque quelque part. Et ce quelque chose dépend de nous, les grands. Des familles qui n’ont pas le courage de prendre en charge leurs enfants, un échec scolaire et c’est fini, un pétard et c’est la porte de l’enfer. Une bêtise, puis une autre, et pas un père pour donner une leçon, corriger, parler. Je me suis souvenue des regards froids de ces jeunes, de leurs réponses tranchées, du désespoir qui les avait gagnés. Je me suis dit : si on ne les aide pas maintenant, ce sera trop tard. Eh oui, j’allais jusqu’à m’interroger sur le malheur de Merah lui-même ! Le foyer, le père en Algérie, la mère laissée seule, les bagarres, la délinquance. Cet enfant de vingt-trois ans a eu un parcours très difficile. Si on l’avait aidé, il s’en serait probablement sorti. Et il n’y aurait pas eu tout ce chagrin. (p 137)
Je veux sauver ceux qui sont à l’origine de mes souffrances. Et qui peuvent causer la souffrance d’autres mamans. J’ai décidé d’aller en face, de l’autre côté. Là où se trouvent les mal-aimés, les mal-logés, les caractères faibles qui risquent de mal tourner et de tirer un jour sur un autre gamin. (p 141)
A la gare, un autre jeune s’est approché de moi. Il m’a confié : « Vous savez, madame, les vieux, ils vous ont pas dit la vérité. Les jeunes, ils meurent ici, et personne veut le voir. Bien sûr que nous avons besoin d’aide. Moi, je ferais tout pour partir de ce trou. Depuis que je suis né, je connais que ce quartier ! Nous, on voit la France à la télé. » (p 147)
J’ai terminé mon discours en interpellant monsieur Hollande : « Aidez-moi, Monsieur le Président ! » J’ai insisté : « S’il vous plaît ! Aidez-moi à conduire ce combat pour ne pas laisser dans les quartiers toute cette haine. » (p 154)
Je vais dire ce que j’ai vu et senti partout où j’ai été en visite dans les cités : j’ai vu des jeunes qui sont autant dans la souffrance que moi. Mais qui ont la haine en plus. Non pas une haine dirigée vers une catégorie sociale de Français ou contre les croyants d’une foi précise, mais envers tout le monde. Envers la France entière. (p 159)
C’est la rue qui éduque, et la rue est mauvaise éducatrice. Il suffit d’un petit échec scolaire ou d’une peine de cœur pour que les jeunes se découragent. C’est le vide total qui s’installe alors dans ces petites têtes. Oubliés le respect des parents et le sens du devoir. Peu de chance de retrouver un lien d’engagement avec la société. La tentation est grande de ne plus chercher de travail parce que peu d’entreprises et d’institutions font l’effort de répondre à un CV sans diplôme. Et c’est là que tout peut basculer. Deux perspectives s’ouvrent alors : décider de s’en sortir ou devenir délinquant. Il ne sert à rien de faire semblant de ne pas comprendre et de passer son chemin. L’urgence est, justement, de s’arrêter et de s’interroger vraiment sur les raisons de cette désespérance. Le travail de compréhension tient parfois à peu de choses. Il suffit de regarder ces jeunes gentiment, de leur dire bonjour avec le sourire, de leur donner un laissez-passer pour nos cœurs. […] Oui, j’en suis persuadée maintenant. Quand on écoute, quand on parle aux jeunes, on les sauve. Il faut juste savoir écouter, sans forcément répondre aux questions. Or rares sont les gens qui prennent le temps de tendre l’oreille. (p 161-162)
Pour objectif principal : traquer la désespérance, venir en aide, reformuler l’avenir. (p 179)
L’essentiel, chers parents, est que vous sachiez d’où vous venez, que vous en soyez fiers et que vos enfants, en admirant la solidité de vos racines, puissent jeter solidement leur souche dans d’autres terres. (p 189)
Si vous voulez une solution, retroussez vos manches et allez discuter dans les couloirs de la paix. (p 203)
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