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Critiques de Laure des Accords (9)
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Grichka

L’éclosion d’un jeune homme par les mots et le théâtre, et le dévoilement des trajectoires de tous ceux qui l’entourent.



Tout est mouvement et dévoilement dans le deuxième roman de Laure des Accords à paraître en août 2016 aux éditions Verdier. Autour du personnage de Grichka Vyssotski, adolescent récalcitrant et énigmatique qui ne prend jamais la parole, ce texte polyphonique réussit à évoquer en peu de mots de nombreux destins entrecroisés, leurs multiples plaies, brisures, mensonges et silences, et comment les mots peuvent alléger les êtres de secrets trop pesants.



La suite sur mon blog ici :

https://charybde2.wordpress.com/2016/08/05/note-de-lecture-grichka-laure-des-accords/


Lien : https://charybde2.wordpress...
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L'envoleuse

La bizarrerie assumée du désir, la poésie amoureuse d’un couple autour d’une figure d’enfance l’ayant marqué à vie.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/09/12/note-de-lecture-lenvoleuse-laure-des-accords/

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Grichka

Un court roman, beaucoup trop court peut-être, sur les déchirures qu'on de dit pas, tout le monde en a, des qui brisent une vie, d'autres qui la grisaille simplement. Grichka est au centre de tous ses silences et lui non plus ne parle pas. Pour se sortir de ces non-dits étouffant, il faut faire semblant, faire comme si on parlait vraiment. Alors c'est le théâtre comme un cadre pour cette histoire avec son chœur antique et comme une thérapie pour tous les taiseux et le premier d'entre eux, Grichka.

Un récit à fleur de peau, qu'on sent à vif juste en dessous, plein de poésie qu'on prononce tout bas ou dans la tête, alors que la poésie il faut la déclamer comme au théâtre, pour vivre vraiment une bonne fois et faire sortir tous les morceaux déchirés qu'on a en soi.

Un moment de lecture très fort mais bien trop court ...
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Grichka

C’est un livre de silences, de nombreux silences.



Parce que, parfois, il n’y a pas de commentaires à faire, pas d’explications à donner. C’est monstrueux, c’est fait. On aimerait mieux penser à autre chose, à de belles choses, mentir aux enfants, leur dire que ça ne s’est pas passé, que personne n’aurait été capable de faire ça, personne. Mais non, ça a eu lieu et il faut en parler.

Simone Lagrange, déportée enfant à Auschwitz-Birkenau en septembre 1945, témoigne face à des lycéens. Silence. Les élèves sortent, muets, stupéfaits.

Grichka Vyssotski, lui, ne sort pas. Un rideau de cheveux cache son visage.



Et, puis, il y a d’autres silences…

Muet à l’école, l’adolescent le sera tout autant à la maison. Etranger à sa mère, étranger à son père. « Grichka-sans-voix, réveille-toi » a-t-on envie de lui crier aux oreilles. « Fantôme d’enfant sans histoire, sans route tracée sous ses souliers. »

La mère, elle, n’est pas silencieuse mais sa logorrhée affolée masque sa peur, sa gêne.

Le père ne dit rien.

Babou, la grand-mère « coud, brode, tricote », elle rit aussi mais se tait sur son secret, bien caché, bien gardé.

Enfin, Madame Kerouani, la narratrice, professeur dont le métier est de parler, d’expliquer, ne peut pas entrer en scène toute seule, sur l’estrade, devant les élèves. Parfois, elle bloque. Elle ne peut pas dire ce qui la ronge vraiment. Alors, elle cite les vers des autres, elle s’accroche désespérément à une parole qui n’est pas la sienne, une parole porteuse de sa douleur de femme qui vieillit, de femme seule et orpheline bientôt.



Et ces silences, tous ces silences, se mêlent, s’emmêlent : échos de peines, la voix se perd, la bouche se tord, le son se meurt…



Alors, qui parle dans ce livre, d’où viennent les mots qui surgissent ?

Du chœur. Du chœur ? Ah, bon, c’est une tragédie ? Oui, un peu.

Il explique, le chœur, il donne des conseils. C’est son rôle.

« Prends garde aux enfants fous ».

Il dit qu’il faut arrêter de se battre, il dit qu’il faut « déposer les armes ». C’est la sagesse du cœur. Il invite à sortir du miroir, aller plus loin, vers l’autre.



Et puis, il a ce qui va sauver le monde. Quoi donc ? La littérature, voyons, l’aviez-vous oubliée ? Le théâtre. Lieu de paroles. Grichka Vyssotski veut lire. Et faire du théâtre, avec Madeleine. Alors, soudain, « Grichka parle sans s’arrêter », il est torrent, il est déluge. Il est un homme qui « sort de l’ombre à présent ».

Et les autres suivront…



Plusieurs voix qui taisent leurs souffrances, leurs blessures enfouies, leurs secrets étouffés. Et puis, tout à coup, c’est une poésie du jaillissement, une renaissance, une course vers la lumière, pour respirer enfin, vivre, remonter à la surface par la force des mots, par la puissance du verbe, de la littérature.

L’enseignante meurtrie, qui n’y croit plus, prononcera les formules magiques, celles qui font encore lever la tête de quelques-uns et le miracle aura lieu…



- Il faut qu’on parle, dira le père…



En cette veille de rentrée, je ne peux m’empêcher de dédier cette chronique sur ce texte magnifique de Laure des Accords à toutes celles et ceux qui dans quelques jours vont se retrouver devant des enfants dont il faudra délivrer la parole afin que naisse en eux le plaisir du texte littéraire, qu’ils en goûtent les mots, les phrases, les sons, les sens, qu’ils s’en nourrissent et qu’ils en vivent. Et qu’ils en soient heureux…



« De mon corps à leurs voix je sens dessous mes bras grandir comme à l’aisselle d’une feuille de tendres rameaux, jeunes, vigoureux, volubiles, et tout au bout, translucides et coriaces, des bractées aux couleurs argentées, des fleurs avortées, des mots qui me transportent.

Je veux encore une fois, une dernière fois, leur donner de la parole. »


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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L'envoleuse

Proches depuis si longtemps et au soir de leur vie, Romain et Guillemette évoquent leur enfance, la dureté des parents - la violence transmise, les silences effrayants -, et, cœur toujours palpitant de leurs souvenirs, leur désir commun pour Gisèle, camarade de classe au corps volumineux, à la chair attirante, maternelle et érotique.



«Je me souviens de son odeur de feuilles de poussière de nuits miellées, celles de nos banlieues loin de Paris mais loin des forêts. Je me souviens de son odeur de chaud et de peur, son front brillait de sueur, ses bras ruisselaient et c’est comme cela que je l’ai aimée, dans des plis de robe et d’eau. Jamais mon corps n’a été si grand, si vaste, jamais mes poumons n’ont accueilli autant d’air, autant de vie, jamais je n’ai senti si près de me bouche autant de cris joyeux.»



Figure de désir aux antipodes des stéréotypes adultes, avec son corps de reine blanche et placide qui semblait dès l’enfance être celui d’une femme, avec une attitude qui semblait détachée des liens qui font souffrir, Gisèle était entière. Elle n’était pas aimée de sa mère, elle n’avait pas de père, mais elle, elle était libre.



«Gisèle bâille, la bouche grande ouverte comme si elle voulait s'aspirer elle-même, toute entière dans son corps. Elle regarde la maîtresse comme on regarde une mouche, elle la chasse de son cerveau génial : un monde exprimé dans un corps, un monde qui fait un tout, un seul et qui expiré tout : la chanson des rondes, les peupliers des rondes, la craie blanche, le pain du goûter, Colette et la blouse de la maîtresse constellée de grosses fleurs bleues comme la robe de chambre de maman.»



«L’envoleuse», à paraître fin août 2014 aux éditions Verdier, résonne très fortement avec le magnifique «Césarine de nuit» d’Antoine Wauters, et réussit également la prouesse de dire, avec justesse et sans commisération, les cœurs abimés de l’enfance et le désir intact en dépit des années, dans un récit intense qui s’écoule comme un chant célébrant avant tout la force du langage.



«Je veux te faire avaler de force tous ces mots qui bouillonnent en nous depuis une éternité d’années pour que tu puisses trouver le repos. Tuons avec nos mots celle qui t’aima, qui m’aima, qui fut cruelle et belle, aimable mais fuyante comme le pain qui s’émiette faute de mieux sur les tables froides des hôpitaux.»

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L'envoleuse

Guillemette et Romain, son amant arrivé au soir de sa vie, se remémorent leur amour de jeunesse pour Gisèle. Gisèle est une fille aux chairs généreuses, aux formes maternelles, et surtout sûre d’elle et belle dans sa liberté, celle des êtres qui ne se préoccupent pas du regard des autres, qui ne demandent/quémandent pas leur amour ou leur amitié (« Gisèle n’avait pas de mère, n’avait plus de père, Gisèle était magnifiquement seule, libre, elle n’avait pas besoin d’amour, elle le trouvait dans l’air autour d’elle, dans l’eau, dans les cailloux, sur les bancs publics et chez les enfants que personne ne venait chercher à la sortie des écoles »).



C’est l’histoire d’un premier amour, de ce premier amour qui est souvent le plus puissant, le plus fort, le plus fou … dont on portera le souvenir à jamais. Chacun essaiera d’apporter un peu d’éternité à cet amour, Guillemette à travers les mots et Romain, de ses mains calleuses, à travers les pierres.



C’est un (trop) court roman original, très loin des clichés et des formules toutes faites, au texte flou et poétique, marqué par la brume des années, passées sans avoir atténué les passions adolescentes. C’est écrit en délicatesse, en pudeur, tout en laissant deviner une certaine violence.

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Grichka

Merci à Lucia-lilas pour sa critique , qui m'a aidée à comprendre ce court récit.

C'est un livre d' une étrange beauté, par son récit polyphonique où chaque personnage vient vers vous pour raconter des secrets, des pages de vie, et entre deux ces silences.On n'entre pas dans ce récit, on se laisse guider par les personnages, c'est comme s' ils vous prenaient par la main .J' ai beaucoup aimé car jamais je n'avais eu ce ressenti en lisant un livre, j ' en ressors apaisée, calme, après du Philippe Huet, ça m'a étrangement réconcilié avec la vie.A recommander ★★★★★
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L'envoleuse

Livre nectar, enivrant qui tisse autour de nous son cocon de miel.

Souvenirs de sensations et d'émotions de l'enfance, une période bien étrange, vécue du dedans ... et continue sa croissance tel le nénuphar dans "l'écume des jours ".

Un magnifique et délicat travail de restitution

Bonne lecture
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Grichka

Et la roue éclata au beau milieu de son sourire



Dès le premier chapitre, « Dans le regard d’une inconnue », la/le lectrice/lecteur devine derrière le choix des mots, les rythmes des phrases, la singularité de ce récit à plusieurs voix. « Sur le mur, au fond de la salle de classe, Simone Lagrange nous regarde. Elle nous attends. Il n’y a pas de pourquoi. Il n’y a pas de comment.Parce que. Simplement parce que. Et nous savons que quelque chose est en train de se passer ». Simone Lagrange professeure de français, enseignante de mots, « revenue des camps d’Auschwitz-Birbenau en septembre 1945, la petite fille de treize ans enfin rentrée chez elle »… Non linéarité du temps, présent et passé, demain… « J’ai éteint le projecteur et ouvert les rideaux. Grichka est resté ».



Des personnes, des voix, des mots et en contrepoint un choeur, renvoyant à une forme littéraire particulière.



Grichka, le sans-voix, la parole bloquée, retenue dans sa gorge, « Ce bruit à l’intérieur de toi ». Les mots emmêlés, disloqués, en retard, toujours trop tard.



Le garçon et sa famille, ce que la mère et le père disent, Grichka et le mal de vivre, Babou la grand-mère, « Je m’appelle Evguénia Ivanova et moi aussi j’ai voulu mourir ».



Les autres, éphémères ou présent-e-s.



Les ruptures, les regards, un adolescent aux yeux trop clairs. Un regard qui entre dans les yeux de Babou, une plongée dans les yeux sans fond, la lecture « d’une histoire ancienne où l’effroi et le couteau tentaient de se répondre »



Natalia, un dé unique souvenir, « un petit jouet repris dans le poing d’un assassin »… Siegfried, « ta pauvre haine, ta sale besogne »…



La violence et les mots pour le dire, se souvenir et s’échapper du temps qui nous enferme, qui fait semblant de passer doucement, « laisser rentrer les oiseaux »…



Les mots et les regards, « il ne me regarde jamais, la découverte de l’amour, « aujourd’hui il dira non aux silences qui s’ouvrent comme des plaies, non aux mots qui fardent les chagrins », l’étrange dans les yeux, les mots et le théâtre, Caligula, « c’est sur scène que tout commence, que tout recommence ».



Ce n’est pas tout… Vous n’avez encore rien vu… Ce n’est pas rien…
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