Et c'est là (en étant aumônier d'une place d'armes) que j'ai vu le tournant. A travers ces jeunes. Quand il y a eu la crise du pétrole, j'ai vu des jeunes qui n'agissaient plus du tout pour changer quelque chose, mais qui commençaient à se dire : "Je sauve ma peau. Je dois sauver ma place". Ce n'était plus le collectif, c'était chacun pour soi. Je pense que ces années de crise ont été déterminantes, la société s'est éloignée de ces idéaux de construction d'un monde solidaire, de l'importance de construire quelque chose collectivement. C'était "Chacun pour soi, moi je regarde ce que je dois sauver. Débrouille-toi !" II n'y avait plus cette cohésion, cet ensemble. C'est alors que je me suis dit: «Voila un monde qui devient égoïste ou, plutôt, qui a peur. Qui a peur de l'avenir. Il faut se prémunir, il faut assurer son avenir et ce n'est pas facile. » Le repli sur soi, c'est dans les écoles de recrues que je l'ai observé en premier.