Plutôt que de rejoindre tout de suite la clique, j'ai fait un détour par les bords de la Creuse * des envies de marche me prenaient * le jardin du Luxembourg me manquait-il ? * Le bassin aux Tortues... Sourires.
De retour du Pont noir, le long de la route jusqu'au cimetière, les feuilles trempées se mouvaient doucement au-dessus de mes cheveux protégés par un bonnet rasta color * un vent frais s'était levé et je me sentais sur une frontière avec * dans l'unique poche de ma veste en serpent * une fiche immaculée conne, immature et improbable.
Des odeurs de foin sur la petite route, en face le cimetière, des criaillements de chauve-souris toujours nombreuses à gargilesse, la pénombre toujours plus prononcée dans le chemain qui remonte, par la Garenne, jusqu'à Bourny * nuits d'été dans Steinbeck * ou dans Proust, à cause de l'humidité...
Je nettoie mon imperméable à grande eau. Je vérifie que le couple infernal est enfermé à double tour dans la salle de bains parce qu'ainsi leur môme, même réveillé en pleine nuit, ne risquera pas de croiser les cadavres de Papa Maman.
[…] En repassant la porte cochère, je réfléchis, je décompose mentalement les premières heures de la matinée, anticipant les gestes que je m'apprête à faire. Qu'est-ce que je vais faire?
Je vais sauver des dizaines de gens des cartes de crédit qui les ruinent, d'une multitude de jeux de hasard dans les offices de poste et des postières qui les vendent devant vous à des enfants, des taxes, de la viande qui tue lentement à cause du prion, des escaliers à monter quand on est pauvre…