Je n’éprouve pas de vide. Je suis le vide. Il était d’abord à côté de moi, une image flottante, une forme translucide et chuchotante. Il grouillait dans ma nuque, s’approchait pas à pas. Et un matin, je crois que le vide était en moi. Dans mon ventre. Dans ma poitrine. Dans mon cou. Je n’étais qu’un coquillage vide. Je pose le médicament sur la langue et me remplis un verre d’eau. J’ignorais que de tourner le robinet puisse être aussi douloureux. Mon corps entier me supplie de ne pas le faire. Le vide ne veut pas être délogé de mes entrailles. Peut-être que ce vide fait tellement partie de moi que si je prenais des médicaments pour l’enlever, alors… je ne serais plus moi ?