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Citation de mh17


VII

Il faut être très naïf pour espérer résoudre l’éternel mystère de la vie.

Pendant des milliers d’années les cerveaux humains ont cherché « le mot » et ne l’ont pas trouvé, ils ne s’en sont même pas approchés. Ils se sont même peut-être éloignés de lui. Néanmoins à notre époque nous cherchons la pierre philosophale aussi obstinément, avec autant d’inquiétude, qu’au Moyen Âge ; nous tirons nos augures du vol des oiseaux et des entrailles des animaux, comme dans l’Antiquité. Les nouvelles méthodes de recherche ne sont pas moins fantastiques que les anciennes ; il me semble que c’est déjà devenu un lieu commun. Nous nous penchons sur l’abîme en sachant que nous ne verrons rien, et nous n’avons pas besoin de voir puisque ce n’est pas de la vision que découle la connaissance.

La source de la force, c’est ce qui est considéré comme la source de la faiblesse : le vertige. Nous sommes attirés par l’abîme, par le non-résolu, par le mystère, non par le désir de deviner, d’éviter le malheur, de comprendre le mystère, en un mot d’organiser la vie. Nous devons nous déshabituer de la compréhension, aimer l’effroi, le non-organisé. C’est pour cela que l’abîme nous attire et nous repousse en même temps. Nous appartenons à la fois à deux mondes : l’un nous est cher, il est confortable et organisé, l’autre est austère, étranger, chaotique. Jusqu’à un certain moment de notre existence, il nous semble que la vie est seulement dans le premier et qu’il n’y a de place dans le second que pour la mort, le non-être imposé de l’extérieur, sans utilité pour personne.

Nous adaptons toutes nos espérances et notre idéal exclusivement au premier, le second nous apparaît comme un cauchemar, fruit de notre imagination auquel nous voudrions nous arracher. Mais peu à peu toute la réalité reprend ses droits. Nous commençons à nous convaincre que la vie ne se trouve pas seulement dans des maisons fermées et confortables, mais encore sur les mers, dans les déserts, en des terres lointaines que le pied de l’homme n’a pas foulées, et que le loup sauvage n’a pas visitées.
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