Léon Lemonnier

Vers la fin de 1826, à l'âge de quatorze ans, Charles Dickens devint clerc chez un avoué, où il ne resta que quelques mois, avant d'entrer, en mai 1827, dans l'étude de M. Edward Blakmore, qui logeait chez une tante de Mrs Dickens (..)
La tâche principale de Charles était de tenir le livre de comptes, moyennant quoi il gagna d'abord treize shillings et demi par semaine, puis quinze. Il était au dernier échelon de la hiérarchie, au haut de laquelle trônait le premier clerc, un fils de famille qui avait versé une prime et qui lui-même serait plus tard avoué. Au-dessous, se trouvait le clerc salarié, qui gagnait trente shillings par semaine et suivait toujours la mode avec six mois de retard ; puis venait le clerc aux minutes, un homme entre deux âges, mal vêtu et père d'une nombreuse famille qu'il oubliait souvent pour faire bombance ; et enfin les commis aux écritures, les petits saute-ruisseaux qui portaient leur première redingote et avaient du mépris pour leurs camarades d'hier, les écoliers. Ce sont naturellement ces jouvenceaux que Dickens fréquenta au début. Le soir, avant de rentrer chez lui, il allait dans une taverne avec eux, mangeait du cervelas, buvait de la bière et proclamait que la vie est belle quand on sait bien la prendre.

L'atmosphère de l'école était byronienne au possible. (...) les crayons d'ardoise y étaient (...) moins recherchés que les petits animaux que l'on élevait en cachette, dans les pupitres ou dans les cartons à chapeaux empruntés à la maison. Il y avait des serins, des linottes de diverses couleurs, mais surtout des souris blanches, que les élèves dressaient mieux qu'ils n'étaient eux-mêmes éduqués par leurs maîtres.
Le petit Charles avait une magnifique souris, dont il était très fier. Vivant à l'abri d'un dictionnaire latin, elle savait grimper à l'échelle, traîner un cher romain, faire l'exercice avec un mousquet et tourner une roue. Elle aurait peut-être appris d'autres choses encore, si elle n'avait trouvé une fin prématurée ; alors qu'elle montait au Capitole en un cortège triomphal, elle tomba dans un encrier profond, devint noire aussitôt et expira en même temps.

Il y avait aussi un maître de danse, petit et gras, qui arrivait en cabriolet ; il apprenait aux élèves les plus avancés à danser le rigodon, qu'il était indispensable de connaître si l'on voulait réussir dans la vie. Il y avait encore, parmi les maîtres, un petit Français très vif, qui venait constamment, même par les jours ensoleillés, avec un parapluie sans manche. Le directeur se montrait envers lui d'une politesse parfaite, car, pensaient les élèves, si le directeur l'avait offensé, le maître lui aurait aussitôt adressé la parole en français, pour lui faire publiquement honte de son incapacité à comprendre et à parler la langue de Napoléon.

Poe aime tout ce qui finit et meurt : les couchers de soleil et l’eau dormante. Il a, mieux que personne, dépeint certains états morbides : dépression sans cause, hystérie sans raison, hantise qui s’installe victorieusement dans le cerveau, impulsion qui dirige l’être tout entier, perversité qui le mène à sa perte.

« Celui-là même qui veut écrire son rêve se doit d’être infiniment éveillé. » Paul Valéry (p 184)

Dickens, le nom dont on désigne familièrement le diable et qu'on emploie dans les jurons anodins.

Mallarmé se livrait, avec une discrétion toute bourgeoise, à une débauche solitaire et secrète : la poésie. (p 103)

corneille peint l'homme tel qu'il devait être