Le 23 février 2008, dix heures du matin. J’ouvre mon ordinateur comme tous les jours, et je consulte mes courriels. Je suis saisi, sans voix. Un, intitulé « Alerte alerte », attire mon attention. Il émane d’un oncle de Rachel au Congo. Il me demande assez brièvement d’informer ma femme : sa propre fille, restée au pays, vient d’être enlevée quelques jours auparavant par des inconnus à la sortie de l’école.
Le passé n’existe pas. Certes, il a existé, mais n’est plus qu’un souvenir, un vague sentiment. La seule chose qui existe est le présent. Quant au futur, sa concrétisation est quasi certaine, le futur va avoir lieu, bien qu’il y ait toujours une petite part de doute.
La notion la plus ardue à assimiler demeure celle de ce passé qui n’existe pas. La très grande majorité des gens est incapable d’intégrer aisément que le passé a disparu, il n’est plus… Les souvenirs ne sont que des connexions entre nos neurones, pas une réalité. Les photographies du passé ne consistent qu’en des bouts de papier, rien de concret derrière. Notre culture, essentiellement tout ce que nous avons appris durant des années, ne relève que d’impressions liées à un comportement que nous devons adopter pour nos actions présentes ou futures. Tout se situe dans notre tête.