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Citation de jperceval


Introduction
L'étude de civilisation médiévale qui fait l'objet du présent ouvrage se divise en deux parties d'inégale longueur consacrées, l'une à son expression artistique, l'autre à son expression littéraire. Les deux signataires de ce volume ont jugé, d'un commun accord, que l'art avait droit à la « part du lion », soit environ aux deux tiers, et que les chapitres réservés à la littérature ne devaient pas excéder un tiers. Comme ces proportions peuvent paraître arbitraires, notre premier soin doit être de les justifier.
Quelle est la valeur relative des arts plastiques et de la littérature en tant qu'expressions de la civilisation ? L'importance des témoignages écrits et figurés est essentiellement variable suivant les siècles et les pays. Dans l'antiquité grecque, la littérature et l'art atteignent le même degré de perfection et les tragédies de Sophocle ou les dialogues de Platon nous apportent sur le génie grec des révélations aussi précieuses que les sculptures de Phidias. Dans l'Angleterre élizabéthaine, dans l'Allemagne de la fin du )(vine siècle, la précellence de la littérature est au contraire indéniable et on n'y découvre aucun peintre, aucun sculpteur qui marche de pair avec un Shakespeare ou un Goethe.
Il semble, à première vue, que l'art du Moyen Âge aurait dû être victime de l'hostilité de principe entre le christianisme et l'art figuré. Comme les deux autres religions de l'Orient sémitique : le judaïsme et l'islamisme, le christianisme, qui professe le monothéisme, est en effet hostile à toute représentation de la figure humaine : il est iconophobe quand il n'est pas iconoclaste. « Vous ne ferez point d'images taillées », prescrit le Dieu de Moïse. Toute statue est considérée avec méfiance comme une idole en puissance, une invitation au polythéisme.
Dans ces conditions, l'art chrétien aurait pu fort bien rester, comme l'art juif et musulman, un art aniconique, réduit à des combinaisons d'ornements géométriques. S'il est devenu un « langage en formes visibles », c'est grâce à la tolérance éclairée de la papauté et du clergé qui se sont rendu compte qu'une religion sans images ne convenait qu'à une élite de croyants au petit nombre de ceux qui ont une vie intérieure et qui sont capables d'adorer Dieu « en esprit » sans le secours d'une imagerie pieuse.
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