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Citation de enkidu_


En 1832, deux ans après le débarquement français en Algérie, une sombre affaire de vol commis par des membres de la tribu des Ouffas provoque la colère du gouverneur d’Alger, le duc de Rovigo, qui vient d’être nommé par la France. En représailles, il lance contre les Ouffas une attaque au cours de laquelle « tout ce qui y vivait fut voué à la mort » : « En revenant de cette funeste expédition, racontera le colonel Pélissier de Reynaud, plusieurs de nos cavaliers portaient des têtes au bout de leurs lances et une d’elles servit, dit-on, à un horrible festin. » Simple dérapage d’un colonel français, ou massacre prémédité ? « Des têtes. Apportez des têtes, aurait demandé à l’époque le gouverneur d’Alger. Bouchez les conduits d’eau crevées avec la tête d’un Bédouin que vous rencontrerez. » Bilan, « il y eut douze mille morts chez les Ouffas. On trouva, les jours suivants, bracelets et boucles d’oreilles en abondance au marché algérois de Bab-Azoun. La devise de Rovigo était :’’On m’a coupé trois têtes ; si dans quarante-huit heures les coupables ne sont pas livrés, j’irai chez vous et je prendrai trois cents têtes ; et il tenait parole’’. »

Dès lors, et jusqu’en 1848, les troupes françaises engagées dans la conquête de l’Algérie multiplie les expéditions meurtrières. En 1834, une mission parlementaire dresse à son retour d’Algérie un sévère bilan de la conquête : « En un mot, nous avons débordé en barbarie les barbares que vous venions civiliser et nous nous plaignons de ne pas réussir auprès d’eux. » A partir de 1837 et l’arrivée de la Légion étrangère commandée par Achille de Saint-Arnaud sous la supervision du général Bugeaud, les massacrés délibérés prennent une dimension effarante. L’objectif affiché, que l’on n’hésiterait pas aujourd’hui à qualifier de génocidaire, est de réduire les effectifs des populations algériennes, pour permettre à la colonisation de prendre ses aises. L’expression consacrée est : « Comprimer les Arabes » – elle est d’Alexis de Tocqueville, qui préférait cela à l’ « extermination » des Indiens en Amérique.

Pour Bugeaud, le but « n’est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est d’empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, [...] de jouir de leurs champs ». « Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes [...], ou exterminez-les jusqu’à dernier ». (pp. 21-22)
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