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Citation de Danieljean


Victoria éprouvait un immense plaisir à nouer des liens imaginaires avec les génies de la littérature. Son amie Henrietta s'en trouvait parfois désorientée. Le doute n'était pas de mise lorsque Victoria racontait qu'elle avait passé quelques heures en compagnie de cette chère Vita. Les connaissances littéraires d'Henrietta étaient limitées, mais elle était sûre que Victoria voulait dire qu'elle avait passé l'après-midi à lire du Vita Sackville-West, cette poétesse et romancière qui était une fille du baron Sackville. La veuve Campbell finissait même par reconnaître que les choses étaient assez explicites quand Victoria assurait qu'elle s'était abandonnée fiévreusement pendant toute la nuit à Rudyard Kipling, non sans préciser que, bien entendu, elle parlait au sens figuré. Une précision qu'Henrietta considérait à tout point de vue comme absolument superflue. L'affaire se compliquait lorsque son amie partageait l'intimité d'auteurs dont elle avait une idée un peu plus vague. Au fil de ses visites en Angleterre, Victoria avait été saisie par M. Browning, ébranlée par ce bon Tennyson, excitée par Hopkins, et pénétrée par la poétique virilité d'un certain Matthew Arnold. Ces confidences mises à part, personne d'autre ne savait que les amis de Victoria étaient en général des romanciers et romancières du passé, qui mangeaient les pissenlits et les lauriers de la gloire par la racine dans les cimetières humides des îles Britanniques.
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