Archéologie
Me revient du profond de l’âme
et reviendra toujours, ô tout cela qui fut,
ce passé qui m’est inconnu
mais dont les purs ossements nus
en moi se sont rangés à mon insu,
ainsi que les oublie la terre
où dort la statue près de la statue,
et, verrouillés, tombeau près d’un tombeau.
Un infini murmure d’épitaphes,
les unes plus voilées, les autres plus aiguës…
À travers l’air, le temps est séparé des heures
comme de leur parfum quelques œillets.
Le silences a ses voix perdu
qui, au temps de jadis, le faisait résonner.
J’écoute seule la poussière des ancêtres,
comme elle se défait et se défit.
Et, quelquefois, ainsi qu’un grand orage
éveille tout, qui gonfle au firmament,
les siècles disparus soulèvent leurs assises.
Je veille cependant sur leur dernier degré.
(p. 97)