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Citation de LesMonstres


Juste après sa disparition, on avait fouillé et vidé l’appartement du Capitaine Vertu. Elle était sans famille et [le lieutenant] Blanc se souvenait de la tristesse qui l’avait étreint lorsqu’il avait franchi le seuil de la demeure, où tout était moyen, bon marché, ni propre ni vraiment sale, sans personnalité. N’importe qui aurait pu vivre ici, avait songé Blanc, n’importe qui de seul, de morne. Or, n’était-ce pas ainsi qu’était Vertu : personnage d’un seul bloc, lisse et infrangible, mû par une unique obsession et dépourvu de tout attrait ? Une petite femme âpre qui ne voulait plaire à personne. Ils n’avaient rien trouvé de particulier dans l’appartement, tout y était plus ou moins rangé et on avait peine à croire qu’une vie avait pu se dérouler entre ces murs, qu’une personne de chair avait habité là et non une abstraction. Les meubles nécessaires, les murs blancs cassés à la peinture fatiguée, un carrelage au sol, blanc lui aussi, marbré de gris, et, dans l’unique pièce, un canapé-lit replié, un fauteuil, un bureau où était classée l’administration courante : relevés de compte, fiches de paie, impôts, assurance sociale et mutuelle.

Il apparaissait très clairement que Vertu avait économisé tout au long de sa carrière, s’assurant un pécule qui sans doute lui permettait de se passer de salaire, de vivre sans éclat mais sans gêne durant plusieurs années encore.

Et après ? avait songé Blanc.

Les hommes de l’enquête ne s’intéressaient pas à l’après.
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