AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de aubervilliers


À mesure que les jours passaient, un obscur chagrin s'emparait de moi; les heures aux Archives prenaient un tour ennuyeux, elles étaient vides et interminables en fin de journée. J'étais miné par la perte de mes poèmes, cette résolution dévastatrice qui m'avait poussé à les détruire, incité par la cruauté de Nestor : j'avais l'impression de ne pas avoir été loyal envers mon travail, mon temps et le fruit d'une vive inspiration qui, peut-être pour la première fois au cours de ma modeste expérience créatrice, m'apportait la lucidité et le bonheur d'avoir trouvé un point de départ significatif.
Il m'était impossible de me rappeler concrètement les poèmes, et toute tentative de reconstitution était désastreuse, car j'avais le sentiment de trahir, entre oublis définitifs, le sens des vers, et cet oubli, parfois lié à un adjectif, à une métaphore fugitive, était une brume accrochée à la ruine, une ombre qui perpétuait implacablement les décombres.
Ces vaines tentatives accrurent mon trouble au point que je décidai de ne plus m'obséder, d'adopter cette hygiène bienfaisante préconisée par Nestor selon laquelle il fallait se détacher des poèmes que l'on écrivait, sachant que seul celui qui craint de mal écrire s'accroche à ce qu'il a fait. Mais il était dur de se résigner, et mon dépit grandissait en proportion de la stérilité qui me gagnait : un dessèchement de l'inspiration qui me conduisit au comble du découragement. Les heures devinrent interminables, et les Archives se transformèrent en cage oppressante d'où j'avais besoin de m'évader.
Les découvertes suivantes brisèrent la routine et mirent un terme à mon abattement.
Commenter  J’apprécie          42









{* *}