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Citation de Charybde2


Ils se rendirent à Biltmore et entrèrent dans un bar, où Paul conduisit la jeune fille dans une alcôve discrète. Un garçon vint prendre leur commande et s’éloigna. Randy semblait tout étonnée ; elle s’exclama :
– Ma parole ! Des garçons en chair et en os ! Quel luxe !
– Je crois que c’est le seul endroit de Los Angeles, dit Paul, avec de vrais barmen, de vrais serveurs. Au diable l’automatisation !
– Vous me paraissez ne pas aimer beaucoup l’automatisation. Vous critiquez d’abord le système de l’ordinateur de virement de crédit, et c’est maintenant le tour des autobars et des restaurants !
Paul eut un petit rire triste.
– J’ai passé beaucoup de temps en Europe centrale. Là-bas, la modernisation n’est pas aussi poussée qu’ici. J’y ai pris l’habitude de voir de vrais serveurs dans les restaurants, sans parler de vrais cuisiniers dans les cuisines. Mais nous sommes venus ici pour parler…
Il hésita un instant et ajouta en haussant les sourcils :
– De la révolution ?
Avant qu’elle eût le temps de répondre, le serveur revint avec leurs consommations. Elle attendit qu’il se fût éloigné.
Elle but d’abord une gorgée du Far Out Cooler qu’elle avait demandé, puis répondit :
– Voilà justement une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas encore choisi de nom. Nous tâchons d’éviter d’employer de tels mots.
Il la regarda avec attention. Il aurait voulu ne pas avoir eu l’idée saugrenue de mettre des lunettes pour incarner sa personnalité d’emprunt.
– Ce mot, la révolution, dit-elle, c’est un mot qui, manifestement, refroidit le public. C’est un mot qui évoque des barricades dans les rues, des manifestations, des voitures renversées, des jets de pavés sur la police, des épreuves de force, des gens alignés contre un mur pour être fusillés.
– Et… ? demanda Paul avec un sourire forcé.
Elle mit son verre de côté, elle parlait d’une voix sérieuse, convaincue :
– Je crois qu’une langue évolue, qu’elle est une chose vivante. Quand un mot a, pour la majorité des gens, un sens bien défini, ce mot prend alors véritablement ce sens. Et c’est pour cela que nous devons l’éviter.
Cela lui donna à réfléchir.
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