Malen T. Nara

Ce second volume de L'Héritage des cendres, comme s’est souvent le cas dans de nombreuses sagas en plusieurs épisodes, reste un ouvrage de perspectives transitoires. Si les premiers chapitres intenses nous entrainent au côté de ll’Empereur Soagh an Sklaeren, accompagné de ses fils, dans sa lutte désespérée pour échapper aux féroces guerriers lancés à sa poursuite et regagner la capitale, la suite se perd dans des digressions qui manquent regrettablement de pertinence.

Efia, se lance dans une collaboration, aussi fragile qu’incertaine, avec une aristocrate persécutée par une malédiction ancienne et qui cherche désespérément à briser les chaînes de cette magie obscure. Une intrigue plaisante mais qui n’apporte rien ni à l’histoire ni au personnage de la sorcière du clos. Si au travers du développement on découvre une autre face d’un des personnages secondaires, cette digression sans rapport avec les évènements n’a pas de nécessité concrète. Dans le même temps, le Jocrisse discerne, au travers de ce qui semble être de simples fait divers querelleurs, un complot d'envergure soigneusement dissimulé aux fins de déclencher une guerre civile. Enfin, le Temple des Deux Esprits dévoile ses sombres ambitions et on pressent, à la faveur du discours de ses gouvernants, que ce dernier va jouer un rôle prépondérant dans la suite de l’histoire.

Le style de Malen T. Nara reste toujours aussi minutieux dans les descriptions, inventif et séduisant. Les sujets abordés sont intéressants mais pourtant, dans les faits, le récit ne progresse pas et les questions fondamentales comme la clarification de certains mystères restent en souffrance. Dans les derniers chapitres, la naïveté comme l’aventurisme d’Efia et du Jocrisse ne peut que laisser dubitatif tant leur comportement apparait comme insensé et voué à l'échec. De fait, le final permet un coup de théâtre, induit pour ainsi dire artificiellement, destiné sans doute à impulser un nouveau souffle au récit en multipliant les mystifications.

L’ensemble n’est pas déplaisant, l’écriture de qualité mais globalement cette suite, qui n’a que peu d’incidence sur l’avancée de l’intrigue initiale, se révèle relativement futile et sans véritable objet. Si dans sa forme le scénario est irréprochable, ce second volume, sur le fond, est une petite déception et ne tient pas toutes ses promesses.

Alors que le général Argahnn menace de renverser l’Empire et qu’Hyrrhée, la capitale impériale est au bord du chaos, Efia, une jeune sorcière se cache dans les quartiers déshérités pour dissimuler son lourd secret. Dans le même temps, le Jocrisse, personnage insolite à la fois espion et poète, manœuvre entre les bas-fonds d’Hyrrhée et la ville haute pour déjouer une machination sinistre menaçant l’Empereur Soagh an Sklaeren. Entre conflits ouverts et complots dissimulés, La Sorcière du Clos dépeint, au cœur d’un univers original et foisonnant, une lutte acharnée pour le pouvoir, la vérité, l’émancipation mais surtout la survie, dans un monde où les alliances sont aussi versatiles qu’insidieuses.

Malen T. Nara tisse une trame complexe autour de personnages singuliers, d'intrigues politiques perverses et d’obscurs mystères. En marge de la dimension romanesque, elle aborde avec subtilité des sujet sociétaux sérieux tels que le fanatisme religieux, l’oppression des minorités, la xénophobie, la servitude des traditions ou encore l’abus des privilèges liés à la naissance.

La structure du récit dissociant dans un premier temps le parcours de chacun des acteurs de l’histoire dans de long développements narratifs peut impatienter mais cela permet de poser pleinement le contexte général et de cerner au mieux les nombreux personnages qui sont abordés avec soin et justesse. Leurs motivations parfois confuses voir même irrationnelles comme leur caractère et leur psychologie sont minutieusement analysées. L’écriture de Malen T. Nara est très visuelle, détaillée, imaginative et rythmé. L’historique de l’univers est minutieusement élaboré, créatif avec ses légendes, ses mœurs et ses croyances. Les machinations politiques, les complots et les trahisons retiennent particulièrement l'attention tandis que l’émergence d’une magie sibylline ajoute à l’ensemble une dimension fantastique. Les derniers chapitres amorcent des interactions entre les divers protagonistes, les évènements s'intensifient, les intrigues se précisent et le final spectaculaire et stupéfiant augure une suite qui s’annonce palpitante.