Citation de lolitajamesdawson
Difficile de concevoir que je suis une personne complexée, j'ai bien conscience du paradoxe.
Je ne sais pas m'aimer. Je ne comprends pas que cela passe d'abord par moi.
Je ne supporte pas de deviner le regard des autres sur moi. Je préfère qu'on fasse comme si je n'existais pas.
Je suis une "handicapée" de la parole. J'ai des choses à dire pourtant, mais tout est bloqué à l'intérieur.
Les candidates s'observent, se jaugent. Des pronostics s'établissent déjà. Et inévitablement, les complexes se font plus présents que jamais.
Nous avons à peine réalisé la puissance de la beauté d'un corps de femme que nous le soumettons à la compétition. Pour moi, eu égard à mon passif, c'est assez violent.
Je n'ai pas le sens du rythme et, surtout, je ne suis pas à l'aise avec mon corps. Je n'ose pas l'investir pleinement et l'assumer.
Comme cela arrive parfois, ma réserve passe pour de l'arrogance. Si seulement elle savait que je ne me "la raconte" absolument pas, mais aussi comme j'ai envie de devenir invisible quand elle m'apostrophe devant tout le monde. Je ne réponds jamais. Je ne montre aucun signe de vexation, ni colère, ni tristesse. Que de l'indifférence. Enfin, c'est ce que je laisse croire. Dans le fond, je voudrais juste qu'elle m'oublie ne serait-ce que l'espace d'un instant.
Je n'avais pas confiance en moi, j'avais du mal à me trouver jolie, mais je pense que je cherchais une façon de continuer à croire en l'intérêt de ma vie. J'avais accumulé petits abandons et rejets qui finissaient par me faire douter de ma légitimité à exister. Je cherchais, sans en avoir pleinement conscience, un adoubement public.
J'apprends par la suite qu'il avait négocié 10 000 euros pour apparaître en une d'un magazine people avec la nouvelle reine de beauté fraîchement titrée. Je ne suis à nouveau, visiblement pas capable d'être aimée... Et je découvre désormais qu'en plus de l'abandon, il existe aussi le profit. Je constate surtout que dorénavant, et plus que jamais, je suis une image.
Me faire remarquer n'est vraiment pas un exercice dans lequel j'excelle et devoir m'exprimer dans une autre langue que la mienne achève de me maintenir dans ma réserve.
Il aura fallu attendre 23 ans et une émission sur TF1 pour entendre ma mère me faire ce genre de confidences. Et tant pis si cette déclaration ne s'est jamais reproduite par la suite. Elle est enregistrée pour toujours et 9 millions de personnes peuvent en témoigner.
Je pars battue d'avance : mon éternelle peur de l'abandon fragilise chacune de mes relations. Elles sont accompagnées de beaucoup de jalousie. Je me compare à une fille dans la rue, au restaurant, à la plage ou sur les réseaux sociaux... Partout et tout le temps... Je crois si peu en moi que je suis dans l'angoisse permanente de perdre l'objet de mon amour, qui ne pourra que finir par se rendre compte que je suis pas assez bien, sans compter que je vis dans le doute perpétuel quant à la raison initiale qui l'a fait se diriger vers moi. Me trouve-t-il jolie parce que je le suis ou parce que j'ai gagné un concours "décrétant" que je le suis ?
Plus je cherchais à être aimée, plus je finissais par me détester. Comprendre que l'autre ne peut rien pour toi tant que tu ne le veux pas, toi, du plus profond de tout ton être... Arrêter de remettre ma vie pleine et entière à une tierce personne. J'incarne à moi seule la solution.
Sur TikTok, il existe même une fonction "beauté amélioré", rendant possible le changement instantané, de la taille de la mâchoire à la délicatesse du grain de peau... Comment ne pas aboutir à une baisse de l'estime de soi et, surtout, à une vision altérée de ses propres défauts ?
Je ne sais pas m'aimer. Je ne comprends pas que cela passe d'abord par moi.
Je ne supporte pas de deviner le regard des autres sur moi. Je préfère qu'on fasse comme si je n'existais pas.
Je suis une "handicapée" de la parole. J'ai des choses à dire pourtant, mais tout est bloqué à l'intérieur.
Les candidates s'observent, se jaugent. Des pronostics s'établissent déjà. Et inévitablement, les complexes se font plus présents que jamais.
Nous avons à peine réalisé la puissance de la beauté d'un corps de femme que nous le soumettons à la compétition. Pour moi, eu égard à mon passif, c'est assez violent.
Je n'ai pas le sens du rythme et, surtout, je ne suis pas à l'aise avec mon corps. Je n'ose pas l'investir pleinement et l'assumer.
Comme cela arrive parfois, ma réserve passe pour de l'arrogance. Si seulement elle savait que je ne me "la raconte" absolument pas, mais aussi comme j'ai envie de devenir invisible quand elle m'apostrophe devant tout le monde. Je ne réponds jamais. Je ne montre aucun signe de vexation, ni colère, ni tristesse. Que de l'indifférence. Enfin, c'est ce que je laisse croire. Dans le fond, je voudrais juste qu'elle m'oublie ne serait-ce que l'espace d'un instant.
Je n'avais pas confiance en moi, j'avais du mal à me trouver jolie, mais je pense que je cherchais une façon de continuer à croire en l'intérêt de ma vie. J'avais accumulé petits abandons et rejets qui finissaient par me faire douter de ma légitimité à exister. Je cherchais, sans en avoir pleinement conscience, un adoubement public.
J'apprends par la suite qu'il avait négocié 10 000 euros pour apparaître en une d'un magazine people avec la nouvelle reine de beauté fraîchement titrée. Je ne suis à nouveau, visiblement pas capable d'être aimée... Et je découvre désormais qu'en plus de l'abandon, il existe aussi le profit. Je constate surtout que dorénavant, et plus que jamais, je suis une image.
Me faire remarquer n'est vraiment pas un exercice dans lequel j'excelle et devoir m'exprimer dans une autre langue que la mienne achève de me maintenir dans ma réserve.
Il aura fallu attendre 23 ans et une émission sur TF1 pour entendre ma mère me faire ce genre de confidences. Et tant pis si cette déclaration ne s'est jamais reproduite par la suite. Elle est enregistrée pour toujours et 9 millions de personnes peuvent en témoigner.
Je pars battue d'avance : mon éternelle peur de l'abandon fragilise chacune de mes relations. Elles sont accompagnées de beaucoup de jalousie. Je me compare à une fille dans la rue, au restaurant, à la plage ou sur les réseaux sociaux... Partout et tout le temps... Je crois si peu en moi que je suis dans l'angoisse permanente de perdre l'objet de mon amour, qui ne pourra que finir par se rendre compte que je suis pas assez bien, sans compter que je vis dans le doute perpétuel quant à la raison initiale qui l'a fait se diriger vers moi. Me trouve-t-il jolie parce que je le suis ou parce que j'ai gagné un concours "décrétant" que je le suis ?
Plus je cherchais à être aimée, plus je finissais par me détester. Comprendre que l'autre ne peut rien pour toi tant que tu ne le veux pas, toi, du plus profond de tout ton être... Arrêter de remettre ma vie pleine et entière à une tierce personne. J'incarne à moi seule la solution.
Sur TikTok, il existe même une fonction "beauté amélioré", rendant possible le changement instantané, de la taille de la mâchoire à la délicatesse du grain de peau... Comment ne pas aboutir à une baisse de l'estime de soi et, surtout, à une vision altérée de ses propres défauts ?
