AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de hcdahlem


Tout en souriant aux plaisanteries qu’Ethan distille à l’assemblée hilare, Antoine se déhanche sur sa chaise pour tenter d’apercevoir Mathieu. Depuis combien de temps n’a-t-il pas parlé avec son père ? Il a toujours entretenu des rapports complexes avec lui. Mathieu avait quitté la maison lorsqu’il était encore enfant, mettant un terme à la brève passion qui l’avait fait épouser Florence quelques années plus tôt. Antoine, fruit de ce péché de jeunesse, ne lui était redevable que d’une chose, mais elle se posait là : lorsque son père était parti, il avait laissé une platine disque, une guitare acoustique Gibson de série et sa collection de vinyles forte de plus de mille exemplaires, en insistant pour que le tout soit installé dans la chambre du petit.
Les premières années, sa mère avait rangé les disques hors de sa portée, en hauteur. Elle les descendait de temps à autre de leur promontoire et ils passaient alors quelques instants à en détailler les couvertures chamarrées. Sa préférée était Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Florence lui avait dit que son papa était comédien et quand il avait demandé ce que ce mot signifiait, elle n’avait rien trouvé d’autre à lui répondre, sur un ton où le ressentiment le disputait au mépris, qu’il s’agissait d’une « sorte de clown ». Il n’en avait pas fallu plus au petit garçon pour que son imagination associe l’allure de Paul McCartney, vêtu de son uniforme de fanfare bleu, avec la figure de ce père absent dont le visage poupin et le regard rêveur faisaient que l’on pouvait effectivement, en plissant un peu les yeux, lui trouver une vague ressemblance avec l’ex-Beatles. Jusqu’à l’âge de six ans, Antoine avait été secrètement persuadé que son papa vivait en compagnie de pin-up aguicheuses et d’amis déguisés en plantigrades, dans une ville colorée perchée en haut d’une montagne, dont il ne descendait que tous les deux mois pour retrouver son fils, rire un peu avec lui et le serrer dans ses bras, avant de refaire le voyage vers le ciel pour retourner "jouer". 
Commenter  J’apprécie          10









{* *}