Bien habile sera celui qui en cet essai assez méconnu de Jorge-Luis Borges saura distinguer les parts respectives de l'érudition, de l'humour, de l'ironie et de la mystification. Toutefois, cette singularité de l'ouvrage explique peut-être le peu de reconnaissance dont il est l'objet; le rapprochement de sphères en apparence aussi éloignées ne pouvait qu'inquiéter. A juste titre : qui voudrait passer pour un savant imbécile ? Se retrouver par exemple, métaphoriquement, dans la très décevante position de la mite de l'énigme N° 48 du Codex d'Exeter (Codex Exoniensis), manuscrit datant probablement de la fin du Xe siècle.
"Un ver mangea des mots. Il me sembla écouter une merveille: le ver, un voleur dans l'obscurité, avait dévoré le chant fameux d'un homme et sa puissante idée. Bien qu'il se fût nourri de mots l'hôte furtif n'apprit rien."
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On appréciera l'intérêt de ce livre pour comprendre l'importance de la culture germanique dans la constitution de la civilisation occidentale. Par "littérature germanique", l'auteur comprend la littérature de l'Angleterre saxonne, la littérature allemande et la littérature scandinave, considérée par Jorge-Luis Borges comme la plus aboutie.
On considère souvent à tord que la genèse intellectuelle et spirituelle de l'Europe se trouve dans le triptyque Rome-Athènes-Jérusalem. Ce livre nous permet de partir à la rencontre d'une partie oublié de l'identité culturelle de notre continent. Les sagas, les poèmes, les épopées de ces peuples que l'on a qualifié injustement de barbares sont des oeuvres profondément émouvantes et d'une grande beauté.
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