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Citation de mimo26


Préface

Écrire un livre sur Jean Lapierre n’est pas une mince tâche. Mon ami a eu une vie si riche et si intense, tant en politique que dans l’univers médiatique et dans sa vie personnelle, qu’il est difficile de trouver les mots adéquats pour lui rendre hommage. Au moment d’écrire ces lignes, plus de deux années se sont écoulées depuis la tragédie. Et, je ne suis pas le seul à qui cela arrive, il ne se passe pas une semaine – voire une journée – sans que je me demande ce que Jean aurait pensé du climat politique actuel. Pour les privilégiés qui l’ont côtoyé et pour ceux qui ont eu le bonheur d’être ses amis, le vide est encore plus grand, et surtout plus cruel. Au-delà du personnage public, Jean était l’un des humains les plus généreux qu’il m’ait été donné de connaître. Grâce au travail méticuleux de Marianne White, vous revivrez à travers ce livre le parcours exceptionnel d’un Madelinot fier de ses origines. Ses enfants, Jean-Michel et Marie-Anne, ont accepté de parler de leur père pour la première fois. C’est la seule entrevue publique qu’ils accorderont. La tragédie m’a rapproché d’eux, de même que de Lucie, leur grand-mère, ainsi que de leur tante Laure, la seule survivante de la famille. L’amitié et l’affection des proches de Jean, qui sont aussi devenus les miens, m’ont permis de surmonter ma propre peine. Avec le courage extraordinaire dont ils ont fait preuve, ils nous ont donné l’exemple à tous. L’ex-vice-président américain Joe Biden, dont le fils est décédé d’un cancer en 2015, décrit bien l’état d’esprit qui m’habite et qui, je l’espère, apaisera les proches de Jean. «Je sais par expérience que le temps viendra – le temps viendra où le souvenir du défunt fera apparaître un sourire sur vos lèvres plutôt que des larmes dans vos yeux. Ce jour-là, vous le saurez: tout va bien aller. Je sais que c’est difficile à croire que ça arrivera un jour, mais je vous promets que ça arrivera», écrit-il dans son livre Promise Me, Dad. Le présent ouvrage vous permettra de comprendre l’influence que Jean a eue tout au long de sa vie et l’envergure de la personne qui nous a quittés. On ne peut que constater son ardeur au travail. Celle-ci l’a mené là où il se trouvait au moment de son décès: au sommet de sa carrière. Ce portrait vous permettra aussi de mesurer la capacité unique qu’il avait de tisser des liens avec des gens de tous les horizons, et aussi, de toutes les couleurs politiques. Voici une des choses que, mieux que personne, Jean avait comprises dans la vie: si tu es généreux avec les autres, ils le seront avec toi. Pour lui, il n’y avait pas de ligne partisane. Il ne perdait jamais de vue l’humanité qui est présente chez tout un chacun.
Sa capacité de se faire des contacts m’a immédiatement ébloui. Lorsque nous avons commencé à travailler ensemble, il quittait pour la seconde et dernière fois le Parti libéral du Canada. Jean avait passé toute sa vie politique à Ottawa, alors que moi, j’avais passé 17 ans de ma vie professionnelle comme correspondant politique à l’Assemblée nationale. Lui à Ottawa, moi à Québec. Les deux solitudes réunies! Nous nous sommes vite rendu compte que nous étions complémentaires, et une amitié indéfectible est née. Quelques semaines après notre première rencontre de travail, lors des débuts de l’émission Larocque/Lapierre, nous sommes allés à Québec pour la présentation d’un budget. Pour tout vous dire, à cette époque, les subtilités de la politique québécoise lui étaient étrangères, et la scène fédérale ne m’était pas plus familière. Je lui ai alors présenté quelques joueurs-clés à Québec, en lui dressant une liste des gens d’influence sur l’échiquier politique. Il ne lui a fallu que quelques mois pour se tisser un réseau de contacts redoutable, et sans doute supérieur au mien! Des gens de tous les partis politiques, y compris ceux qu’il a combattus dans l’arène, lui ont rapidement accordé leur confiance. Cela lui a permis, en six mois à peine, de devenir le chroniqueur politique le plus branché au Québec. Du jamais vu! Jean n’avait qu’une parole. Une confidence allait demeurer secrète si elle le devait. Par contre, si la règle du off the record n’avait pas été établie, vous pouviez compter sur lui pour que le Québec entier apprenne votre secret dans les heures suivantes! Jean savait aussi se montrer très généreux de ses conseils, qu’il donnait à quiconque en avait besoin, peu importe son rang ou son statut politique. Encore une fois, l’humain passait avant tout. Jean était tellement passionné de politique qu’il ne faisait aucune différence à cet égard. Plusieurs en témoignent dans les pages qui suivent. Une bibliothèque porte son nom aux Îles-de-la-Madeleine, et ce sera aussi sûrement le cas bientôt d’une route qui sillonne la circonscription de Shefford, qu’il a représentée si longtemps à la Chambre des communes. Il ne restait plus que son portrait à écrire pour s’assurer qu’on se souviendrait à jamais de cet homme hors du commun. Merci à Marianne White pour son travail colossal. Le jour de ses funérailles, j’ai dit que la route que Jean et moi avions faite ensemble avait été l’une des plus belles de toute ma vie. Je ne peux que remercier le ciel de m’avoir donné l’immense bonheur de partager son amitié. Je sais qu’il aurait été sans doute un peu surpris de voir l’immense affection que les Québécois et les Québécoises lui témoignent depuis son décès. Mais, au risque de me répéter, Jean aimait le monde, et le monde le lui rendait bien. Je suis allé le voir au cimetière, situé tout juste à côté de l’église Saint-Francois-Xavier de Bassin, aux Îles-de-la-Madeleine, où il est inhumé avec son père, ses frères et sa sœur. C’est aux Îles qu’il est né, et il y est maintenant retourné pour l’éternité. J’ai compris sur place que mon ami repose en paix. La beauté des lieux est à couper le souffle. C’est simple, mais grand en même temps. Comme Jean. Salut salut, mon Jean! Et à vous, bonne lecture.
Paul Larocque
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