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Critiques de Marie-Claire Caloz-Tschopp (2)
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La liberté politique de se mouvoir: Desexil, ..

Sortir de l’embarras et dégager une position d’émancipation insurrectionnelle



J’ai suivi les indications de Marie-Claire Caloz-Tschopp, « Ce livre s’adresse à tout le monde. La pratique philosophique est à tout le monde. Le nombre de pages ne doit pas effrayer et éloigner les lectrices et les lecteurs. J’aurais voulu être artiste, peintre, musicienne, danseuse. Et qu’il n’y ait pas tant de mots ». Mes compétences dans le domaine philosophique sont limitées et je ne connais que certain·es des auteurs et autrices étudiées. Cependant, j’ai savouré les présentations, réfléchi aux lectures et analyses, recoupé les lignes de force avec certaines de mes préoccupations, trouvé des convergences, parcouru ces espaces tendus vers l’émancipation. Je fais mien son prologue, « Désir de partager une trouvaille cachée sur la scène de la migration, au bout d’un long périple derrière des arbres qui cachent la forêt : la liberté politique de se mouvoir. Egarée, retrouvée par bribes, appropriée, grâce à un jeu de curiosité d’enfance qui a pris quelques longs mois. Ni un jeu d’échec, ni un jeu de go. Un puzzle de l’étonnement, des pièces à rassembler autour d’un fil rouge »



La lecture est plus que stimulante. Les couleurs des mots sont en adéquation avec cette volonté de suivre les chemins de la liberté politique de se mouvoir, cette philosophie du droit de fuite.







« L’essai traite de la LIBERTÉ POLITIQUE DE SE MOUVOIR. DESEXIL ET CRÉATION : PHILOSOPHIE DU DROIT DE FUITE, a pour point de départ la migration et va au plus général, il réfléchit aux raisons d’entreprendre une telle aventure de déplacement ».



Je ne souligne que certains éléments de la belle introduction.



« Ce qui importe c’est la découverte d’un fil rouge inattendu : la liberté politique de se mouvoir, ses liens avec le desexil, les desexilés prolétaires, les expulsions dans le capitalisme d’hier et l’hypercapitalisme d’aujourd’hui, la révolution, la démocratie, à l’ombre de la migration et de ses préjugés, mensonges politiques, passions, résistances »



L’autrice propose une lecture en forme de puzzle, où chacun·e peut choisir telle ou telle partie et un assemblage dans la configuration proposée ou non. Il s’agit de préserver l’étonnement, de participer avec « notre capacité à imaginer, réfléchir, penser, débattre avec les autres ». Elle invite à philosopher, à découvrir, à résister…



Marie-Claire Caloz-Tschopp indique que « Cet essai est un des résultats de faits de violence vécus sur le terrain de l’asile et du droit d’asile, de la migration, des services publics ». Elle donne des exemples de cette violence vécue par d’autres. Il nous faut regarder derrière les chiffres, les mort·es, les exilé·es, les dépourvu·es de leur vie, les sans-droits, « De quitter le langage du pouvoir des statistiques et autres dispositifs qui rendent sourds et aveugles ». Derrière l’abstraction bien-pensante se cache l’inhumanité.



« Il fallait partir du terrain. Il y a quelque chose d’enfoui, de caché derrière la migration, le droit d’asile, les droits qu’il retrouver, se réapproprier. Loin de nous laisser confiner par la manipulation des passions et des intérêts restreints, il faut resituer la migration dans un cadre politique général. Fermer les yeux pourimaginer et les rouvrir pour voir. Retrouver le vaste horizon du monde ».



Il ne s’agit pas de dresser un inventaire, de cumuler des propositions, mais bien de réanimer le courage politique d’une rupture de l’ordre établi, de la civilisation comme la nomme celleux qui justement n’ont qu’une conception rabougrie de l’être civilisé. « Le but est de se déplacer radicalement pour chercher à retrouver dans l’ombre de la migration et des alertes de la planète, de l’ensemble des politiques publiques, et des droits, un objet invisible et de se le réapproprier du plus intime au plus collectif pour pouvoir imaginer une alternative au capitalisme »…



Il me semble utile que chacun·e puisse voyager – à sa propre lenteur exigeante – dans ce livre, de participer à la reconstruction du puzzle, de s’approprier les différentes pièces, « Agir libres autonomes, entre égaux », « Ancrage des pratiques, exilés prolétaires, expulsion », « Disparus, imagination, pari tragique ». Outre l’ode à la liberté et au desexil, chacun·e pourra trouver des incitations à la découverte d’autres livres, à penser, à agir en suivant le fil rouge, « Prendre le risque, le plaisir de vivre l’autonomie pour le temps qu’il nous est donné de vivre. Tout simplement », à accepter le vertige sans sombrer dans l’abime, « Vertige devant les tragédies à vivre, en refusant de céder à l’abîme »…
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L’évidence de l’asile Essai de philosophie dy..

Les politiques d’« humains superflus »



L’évidence de l’asile. « Son évidence a les pieds dans la boue de l’histoire, la matérialité des conditions d’existences humaines, les luttes les refus des guerres, le désarroi, un travail entre inconvertibilité/convertibilité de la « violence extrême » ». Comprendre et résister à ce qui se joue dans les politiques de fermeture des frontières, dans la création d’« humains superflus », dans la « catastrophe ».



Un livre de réflexion politique et philosophique, Le titre du prologue « Soyons réalistes, demandons l’évident : l’asile » donne le ton.



Je n’ai lu qu’une partie des auteur-e-s cité-e-s, mes connaissances en philosophie sont très limitées. Je me contente de souligner quelques points.



« L’asile qui s’appuie sur l’hospitalité sert à protéger la vie et la liberté. C’est la propriété, la responsabilité, l’initiative de chaque individu sur terre. En cela l’asile est une évidence. Toute dépossession de l’asile engage une philosophie dys-topique d’insoumission ».



L’auteure met en évidence ces « spectres des réfugiés » qui hantent l’Europe. Elle prend comme fil rouge les écrits d’Hannah Arendt. Elle parle, entre autres, de résistance, d’insoumission, de mémoire, « l’asile fait partie de la mémoire des luttes d’émancipation », de liberté, de Spinoza…



Sommaire :



Première partie : L’évidence de l’asile ébranlée



Deuxième partie : Les rapports la domination (XVIIIe-XXe), l’évidence déplacée



Troisième partie : Trames d’une philosophie dys-topique



Le droit international et les réfugié-e-s, les routes et l’Europe forteresse, la sous-traitance et l’externalisation des contrôles, le « délit de solidarité », les « étranger-e-s » et les zones d’infra-droit, la confusion entre « réfugié-e-s » et « migrant-e-s », la multiplication des statuts, les expulsions, le dispositif de Dublin, le fichage des réfugié-e-s, la militarisation des routes, « Tout individu n’a peut-être pas un passeport, mais tout individu dispose d’une vie, d’un corps, d’une existence et d’une mort qui sont sa propriété », la Convention de 1951, le droit de fuite…



Les mots et les mensonges politiques, les expulsions et les guerres « zéro-mort », les chasses aux êtres humains. J’ai notamment apprécié les textes sur les ouvrages de Grégoire Chamayou (Les corps vils. Expérimenter sur les êtres humains aux XVIIIe et XIXe siècle et Les chasses à l’homme).

Les diasporas. Si l’auteure discute largement des analyses d’Hannah Arendt, j’ajoute le beau livre d’Eleni Varikas : Les rebuts du monde. Figures de paria. Je souligne aussi les discussions autour de « socialisme ou barbarie » et de l’« effet boomerang de l’impérialisme » de Rosa Luxembourg.



Il me semble juste de parler de « violence extrême », du « droit d’avoir des droits », de la pluralité qui fait qu’il y a « des » êtres humains, de « politique constituante active et d’insoumission »…



En épilogue, « Plutôt Pénélope que Cassandre », Marie-Claire Caloz-Tschopp revient sur l’hospitalité, le tissage d’une autre Europe, « Accepter de se décentrer pour voir le monde et soi-même dans le monde, voir le désarroi, le consentement à inacceptable, la guerre ». Il y a urgence à faire respecter les droits des réfugié-e-s, à renouer avec l’ouverture et l’asile chaleureux.




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