Marie-Claude Béliot Laplace

Anne attend patiemment que ses parents reviennent de l’hôpital suite à la naissance de son petit frère, Joachim. A prononcer « Yoakim », très important ! Malheureusement, les seules personnes qui frapperont à la porte seront les officiers de police venus la chercher. Elle est jeune, personne ne lui explique véritablement pourquoi ses parents ne sont pas là, pourquoi on l’emmène chez d’autres personnes du village. Mais des bribes de phrases lui parviennent et là, elle comprend que ses parents ne reviendront jamais : ils sont morts dans un accident.



Et heureusement qu’elle entend certains mots car personne ne semble avoir connaissance de l’existence de Joachim. Grâce à elle, ils le retrouveront coincé sous la charrette (nous sommes au 20ème, entre les deux guerres mondiales). A peine né et déjà abîmé par la vie.



Ils se retrouvent orphelins, mais c’est sans compter sur leurs grands-parents prêts à tout pour leur rendre la vie plus douce. Maureen, grand-mère venue d’Irlande sera la première à arriver auprès de ses petits-enfants. Le grand-père, lui est marin et donc la nouvelle mettra plus de temps à faire son chemin jusqu’à lui.



Tous deux sont différents mais tellement étonnants. La grand-mère est adoration devant les chats de race, d’ailleurs elle s’installe avec Tiburce, chat de toute beauté et sang noble, évidemment. Alors quelle surprise quand elle voit arriver le grand-père avec Aspirateur. Un Golden disait-il. « Il est jaune donc je pensais que Golden vous donnera une idée ». Mais Aspirateur est plutôt multi-races, un bâtard en somme.



Au fil des années, ils n’auront de cesse de se chamailler. Comme on dit, qui aime bien châtie bien. Mais une ombre va se dessiner, Joachim n’évolue pas aussi vite qu’il le devrait. La marche met des années à se faire de manière facile, les phrases seront hachées tout au long de sa vie. Que ce soit au début du 20ème siècle ou bien aujourd’hui, le problème est toujours le même. Etre différent entraîne moqueries.



Je me plonge dans la littérature jeunesse depuis très peu de temps. Cela faisait près d’une quinzaine d’années que je n’avais pas ouvert un livre de ce genre mais quelques bonnes surprises livresques m’ont donné l’envie de m’y intéresser de plus près. Ici, c’est un très beau roman qui s’offre à moi. L’auteur alterne avec justesse divers sentiments. Le thème est grave mais on ne vire pas dans le dramatique. La fin n’est pas non plus un « happy end ». Le livre est un concentré de vie, avec ses hauts et ses bas.

De nombreux thèmes sont abordés : la solitude, le sacrifice, le handicap mais également l’amour, la tendresse que peuvent nous apporter les personnes qui ont encore leur « innocence ».



Un roman touchant, émouvant qui m’a fait briller les yeux plus d’une fois. Que ce soit de joie et de tristesse.

Un roman jeunesse, certes mais qui conviendra à tout âge. Il apporte une belle leçon de vie.