Marie Laforêt

"On peut vivre sans richesse

Presque sans le sou

Des seigneurs et des princesses

Y en a plus beaucoup". Marie Laforêt.



Tendresse? C'est 11 nouvelles ( à la 3ème personne) avec une plume vitriolée ...

1980 : "Un éditeur m' a demandé d' écrire mes mémoires... Je suis rentrée à Genève et je me suis dit que les mémoires, c' était impossible, mais j' ai commencé un brouillon de nouvelles, en me disant : soit ils me renvoient le manuscrit, soit l' idée des nouvelles les séduit, et on pourra les retravailler ensemble."



Le livre est sorti sous le titre "Contes et légendes de ma vie privée".

Comme ils espéraient une biographie avec une aventure torride avec Delon, Ronet, Belmondo ou, mieux, les trois en même temps, le titre a dû leur suffire [...]", se souvient Marie Laforêt.



La préface met en scène une mouche claironnant :

"Z' yeux d' or, mon cul !" ( référence à "La fille aux Yeux d'or du cinéma!

Ses envoûtants yeux jaune-vert qui, du premier regard, font fondre Alain Delon dans « Plein Soleil », classique de René Clément,



Dans "Il était une fois...": La princesse Aurore rêve d' Amour éternel, mais se réveille quand le Prince Charmant lâche, après sa saillie:

"-C' est pas tout ça, maintenant va te laver et rentre chez toi".

"Trouver son chemin à trois heures du matin en forêt de Brocéliande n' est pas à la portée de tout le monde. "

Mais Aurore trouva sa voie et une place de trapéziste...

On pense à Louis Malle, qui introduisit la jeune Maïtena dans le "cirque" du show business ?



Dans "L' amant d' Yvette Châtrelet", dédié à Michel Simon, "La fille aux yeux d' or" nous fait un clin d'oeil.

Gabriel, garde-chasse et simple d' esprit, est abusé sexuellement par Yvette, vicieuse fillette de huit ans,...

On pense à l'agression sexuelle, dont Marie fut victime, enfant.



"Mais vivre sans tendresse

On ne le pourrait pas

Non, non, non, non

On ne le pourrait pas"

Marie Laforêt se révèle ici, au travers de ses Contes et Légendes de ma vie privée, une envoûtante narratrice.



Tantôt libertine et crulle dans l'Amant d'Yvette Chatrelet, dédié à Michel Simon, tantôt féroce et caricaturale dans Le Bon Enfant inspiré par Valéry Giscard d'Estaing ou dans la Coque à trucs, portrait du Show business, tantôt lacinante et tragique dans Paraguay ou dans African Nervous Breakdown, tantôt drôle et acidulée dans Un dîner en ville, Marie Laforêt est en vrai écrivain, sonde sa propre mémoire et aborde des thèmes qui nous concernent tous : la recherche de l'être, la puissance du rêve, la quête de l'amour.



Un livre beau, multiple et attachant par sa simplicité et sa clairvoyance. Un livre qui tranche sur les autres livres de mémoire.