AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Cielvariable


La scène est un carnage. À peine Géraldine Mukasonga avait-elle passé les rubans jaunes et tiré la porte de la librairie que l’odeur l’avait ramenée instantanément à Nyamata, tous ses sens en éveil. C’est toujours dans le parfum lourd et métallique du sang que son instinct est le plus aiguisé, à l’affût du frémissement qui annonce la machette ou le fusil.Le corps d’un vieil homme à la carrure de lutteur gît dans l’entrée de la librairie, face à la porte, entre une pile de Saccages, le dernier roman de Chrystine Brouillet, et les conseils de Patricia Highsmith sur l’art du suspens.Un geyser de sang avait tracé une ligne pure sur les tranches bien blanches des polars tout frais sortis de l’imprimerie. Juste derrière, les éclats de cervelle gélatineuse ornent de leur collier perlé le visage fin d’une jeune écrivaine qui vient d’écrire Slut, le roman d’une génération.«Le vieux est allé au-devant de son assassin», se dit Géraldine en s’arrêtant devant le cadavre. Rares sont les hommes qui savent marcher vers la mort.Les techniciens en scène de crime vont et viennent, dans un ballet silencieux. Même le flash du photographe semble s’excuser de son intrusion.Géraldine se penche sur le corps de l’homme, en regrettant que les Brouillet soient désormais contaminés par le sang du vieux. Anne-Sophie aurait été ravie de les lire et Dieu sait que leur couple avait besoin de ravissement.
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}