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Citation de Nemorino


Mario Vargas Llosa
Ce qui accaparait ton attention maintenant, ce n’était pas la peinture, mais la maladie imprononçable qui, quatre mois après ton arrivée à Hiva Oa, avait à nouveau frappé, féroce.
Les plaies lui mangeaient les jambes et souillaient ses bandes si vite qu’à la fin il n’avait plus le courage de les changer. C’est lui qui était obligé de le faire parce que Vaeoho, dégoûtée, s’y était refusée, le menaçant de le quitter s’il l’obligeait à le soigner. Il conservait ses pansements sales deux ou trois jours, sentant mauvais, couvert de mouches qu’il était également fatigué de casser. Le docteur Buisson, directeur du dispensaire de Hiva Oa, qu’il avait connu à Papeete, le piquait à la morphine et lui donnait du laudanum. Cela calmait ses douleurs, mais le maintenait dans un état de somnambulisme hébété, avec le pressentiment aigu d’une détérioration rapide de son esprit. Allais-tu finir, Paul, comme le Hollandais fou ? En juin 1902 il lui fut presque impossible de marcher, si grande était la douleur dans ses jambes. Il ne lui restait presque plus d’argent de la vente de sa maison de Punaauia. Il investit ses dernières économies dans l’achat d’une carriole tirée par un poney que, chaque après-midi, vêtu d’une chemise verte et d’un paréo bleu, portant sa casquette parisienne et une nouvelle canne qu’il s’était fabriquée, avec pour pommeau — à nouveau — un phallus en érection, il conduisait, en passant par la mission protestante et les beaux tamariniers du pasteur Vernier, jusqu’à la baie des Traîtres. Elle grouillait à cette heure de gosses se baignant dans la mer ou montant à cru les petits chevaux sauvages qui hennissaient et sautaient sur les vagues turbulentes.

(Le Paradis - un peu plus loin, p. 421-422)
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