p.198.
Je suis comme le célèbre entomologiste J. H. Fabre qui ne comprenait pas pourquoi :
" La guerre, qui est l'art de tuer en grand apporte la gloire, alors que l'art de tuer en petit conduit à la potence ! "
Pensée partagée aussi par Dostoïevsky qui feint la naïveté pour demander :
" Pourquoi est-il plus glorieux de bombarder une ville assiégée que d'assassiner quelqu'un à coups de hache ? "
p.83.
Considérez un homme dans son foyer. Comparez-le ensuite avec un chef d'état au milieu de ses ministres. Où est la différence ?
Il n'y en a aucune dans le comportement. Il y en a beaucoup dans les conséquences. Buté, autoritaire, despote, l'homme au foyer ne fera souffrir que son entourage, sa femme, ses enfants. C'est déjà trop, direz-vous ! Mais, despote, autoritaire et buté, l'homme au pouvoir fera souffrir tout un peuple et peut-être même les peuples voisins.
p.15.
Des mots, toujours des mots, encore des mots...
Des mots apaisants, des mots réconfortants, des mots lénifiants, des mots pour endormir les consciences, des mots pour cacher la vérité.
Qui prend le risque de tenir un autre langage ? Qui ose dire que la violence et le mal sont la loi actuelle de l'humanité ? Que l'inégalité est la règle ? Que les peuples sont plus ou moins développés ? Que les riches ne souhaitaient pas le bonheur des pauvres ?
Personne !
p.59.
Ah ! si les pères savaient combien ils sont complices du malheur quand ils achètent des jouets guerriers à leurs enfants ! Ils le font de bonne foi, plus d'ailleurs pour se faire plaisir à eux-mêmes que pour complaire à leurs gosses, comme s'ils assouvissaient de vieux fantasmes, leurs rêves de puissance et de domination. Ce dernier instinct est très fréquent chez les pères. La paternité satisfait un plaisir égoïste. Elle affirme la puissance virile. La maternité, au contraire, est don de soi et sacrifice. Il est si facile d'être père, si douloureux d'être mère. C'est pourquoi, soit dit en passant, il y a plus de mauvais pères que de bonnes mères.
p.159.
C'est l'amour qui nous permettra de résister aux calamités qui nous menacent, de subir sans trop souffrir les privations, la famine, les révolutions, bref toutes les épreuves que nous réserve la troisième guerre mondiale.
Ceux qui s'aiment sont beaucoup moins troublés intérieurement que ceux qui sont seuls par ce qui se passe autour d'eux. En temps normal la solitude est déjà très difficile à vivre, mais dans les périodes dures que nous traversons elle accentue la cruauté de la vie quotidienne. Elle laisse notre psychisme et notre émotivité sans défense devant la soudaineté et la brutalité d'événements que nous ne pouvons que subir.
p.99.
Il faut aller sur place pour étudier les problèmes qui se posent et tenter de les résoudre. Il faut aller vers les victimes de la souffrance et de l'injustice pour leur porter assistance.