Douter de tout ou tout croire, ce sont deux solutions également commodes, qui l’une ou l’autre nous dispensent de réfléchir.
Henri Poincare La science et l’hypothèse 1908.
le conflit des bassines constitue un cas d'école, car l'eau comme commun s'inscrit dans toutes ces révolutions en cours ou à venir. Fondement de toute vie sur terre, sa surabondance (montée des eaux salées) ou son insuffisance (assèchement des sols) agissent comme une sorte de Jimmy Cricket destiné à nous rappeler, malgré toutes nos délégations, que "le progrès se trouve aujourd'hui du côté du maintien des conditions d’habitabilité de la planète".
Alors que sur d'autres sujets aux impacts bien moindres, nos sociétés en appellent à la tolérance "zéro" à la moindre infraction, justifient ou cautionnent les frappes préventives en cas de guerre, consentent aux états d'urgence dès lors qu'ils sont anti-terroristes ou sanitaires, lorsque toute la planète brûle dans une rare communion universelle, nous voilà comme paralysés, incapables d'interroger le dieu croissance, tétanisés à l'idée de repenser notre place dans le monde.
L'heure est aux schizophrènes et aux infinies variations de cette pathologie. Des climatologies-négationnistes, des climato-scpetiques, des géo-ingénieurs aux allures de savants fous, des éco-dépressifs, des survivalistes, des écoterroristes, nous pourrions sans problème égrainer cinquante nuances de plus ou moins grande folie face à l'urgence climatique
C'est une banalité que de le rappeler, mais engrais, irrigation et labour ont contribué à ce que le taux de matière organique des sols européens soit divisé par deux depuis 1950. Autrement dit, au nom de la fonction nourricière, on a détruit le sol nourricier. Il est donc impossible désormais de penser aujourd'hui cette fonction nourricière sans la fonder sur l'ingénierie écologique et sur la biodiversité des sols mais aussi sans prendre en compte l'ensemble des interactions, depuis l'atmosphère jusqu'à la roche et la nappe phréatique.