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Critiques de Mark Dunn (2)
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L'Isle Lettrée

Ce roman épistolaire m'a attiré grâce à son résumé qui n'est pas sans rappeler La Disparition de Perec ; j'étais curieuse de voir le travail de traduction qui avait été fait avec ce roman dont l'auteur est américain, et franchement je suis très impressionnée !



Via le courrier échangé par de nombreux personnages, on suit la vie des insulaires tombés sous le joug du Haut Conseil de l'île qui décide d'interdire progressivement l'utilisation de certaines lettres de l'alphabet. La traduction est très soignée et très inventive ; je n'ose imaginer le travail que cela représentait d'adapter en français ce roman qui est un tel exercice de style !



L'histoire en elle-même est agréable à lire, on s'attache aux différents personnages et il y a un suspens qui tient jusqu'à la fin. Le style est assez travaillé, et cela se justifie à mon sens par le fait que l'île soit réticente à l'utilisation des technologies modernes : le style ressemble à certains romans plus anciens, mais sans être indigeste pour autant.



J'ai beaucoup aimé ce roman, ne serait-ce que pour le principe même du livre !
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L'Isle Lettrée

Bienvenue sur l’île de Nollop, nation autonome (et imaginaire) située au large de la Caroline du Sud.



Indépendante depuis 1870, d’abord dénommée Utopianna, l’île été rebaptisée en 1904 du nom de l’un de ses natifs célèbre pour avoir été l’auteur d’un pangramme* populaire devenu emblématique de Nollop : "Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume". Précisons que depuis sa création, ce minuscule état s’est voué à l’élévation spirituelle et à l’érudition de sa population par l’enseignement des arts libéraux, la langue y étant considérée comme art national. La technologie moderne y a à l’inverse été décrétée comme nuisance évitable.



Comme figée dans le temps, l’île nous apparaît ainsi d’emblée comme un paradis pour les amoureux des lettres… Mais ne nous réjouissons pas trop vite, l’histoire qui suit va démontrer que nulle nation, y compris lorsqu’elle est fondée sur d’aussi estimables valeurs, n’est à l’abri du despotisme et du fanatisme…



Tout commence lorsque l’une des lettres composant le fameux pangramme choit du haut du cénotaphe (dédié à son auteur) qu’il illustre. Y voyant, plutôt que le résultat d’une simple usure du temps, un signe de l’au-delà envoyé par Nollop lui-même, et l’interprétant à sa sauce, le Haut Conseil Insulaire décrète l’interdiction d’utiliser la lettre en question. Une contrainte peu gênante, dans la mesure où il s'agit du Z. Seulement, bientôt d’autres lettres suivent… Précisons par ailleurs que cette interdiction s’accompagne de mesures répressives qui peuvent sembler disproportionnées, combinant flagellation, pilori et en dernier ressort, pour les récidivistes (trois fois suffisent), la punition suprême : le bannissement.



En voilà une idée originale, et habilement mise en œuvre par le biais d’une narration épistolaire, principalement nourrie d’échanges entre deux jeunes habitantes de l’île, cousines dont l’une vit en ville et l’autre à la campagne.



L’auteur instaure un intéressant contraste entre ce qui pourrait passer pour un ludique exercice de style, et la violence croissante au fur et à mesure que les lettres "tombent", que génère la folie de ces radicaux qui pervertissent, au nom d’un quidam absurdement déifié, un idéal né de l’amour de la langue. Les effets de leurs soudaines manifestation de despotisme, aux enjeux pourtant dérisoires, s’apparentent à ceux d’une guerre rejouée à petite échelle, ainsi qu’en témoigne la correspondance constituant le récit, dans laquelle il est question de délation, de spoliation de biens, mais aussi de résistance.



Et la lecture est rendue savoureuse par la contrainte qu’impose la pénurie croissante de lettres, obligeant les auteurs de cette correspondance à faire preuve d’une agilité langagière grandissante, leur inventivité et leur énergie à vouloir continuer à s’exprimer venant en contrepoint à la dépression qu’occasionne chez certains cette aliénation de la parole.



Une idée piochée chez A_Girl_From_Earth, qui l’a lu, contrairement à moi, en VO (sous le titre "Ella Minnow Pea"). Il convient donc de saluer le travail de traduction qui a lui aussi réclamé une réelle vélocité langagière, car le résultat est là : les lecteurs francophones trouveront bien leur compte dans cette fable originale, et son audacieuse mise en œuvre !



(*Un pangramme est une phrase comportant toutes les lettres de l'alphabet).
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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