Citation de Maldoror
Je me souviens qu'après l'avoir, enfin, quitté, j'étais insatiable, brûlante, stupéfaite d'être vivante. Je voulais toucher tous les corps, sentir toutes les peaux, entendre toutes les voix. J'enchaînais les conquêtes et les histoires. Ce n'était plus violent, ce n'était pas très intéressant pour autant. Sans discussion, comme une évidence : s'embrasser, se déshabiller, se toucher quelques minutes, se faire pénétrer, attendre que mon partenaire d'un jour jouisse, s'endormir. Je me souviens que mon corps était cassé, comme une horloge qu'on ne peut plus remonter. Dans chaque geste se mélangeaient la douleur, le désir, les regrets. J'étais marquée au fer rouge, les corps masculins contre moi appuyaient sur la plaie à vif, me donnant envie de crier, trembler, gémir. Mais je ne pouvais pas m'arrêter, parce que c'était comme chuter, en étant sûr de ne jamais réussir à me relever.