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Critiques de Martine Laroche (23)
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La dérobade

Roman lu dans le cadre de l’opération Masse Critique.

Mes remerciements à Babelio et aux Editions Libretto.



Il s’agit de la réédition d’un récit autobiographique d’une prostituée dans les années 60.

Marie, Sophie ou Fanny, selon l’endroit où elle travaille, raconte ce qui a fait son quotidien pendant ses jeunes années.



Sans complaisance, elle décrit dans un langage cru et (certainement) authentique ce que l’on appelle communément le plus vieux métier du monde : l’exploitation de la femme au nom de son sexe par sa famille, par son souteneur, les mères maquerelles, par les clients, par la police ; la fausse connivence des chauffeurs de taxi, l’indifférence des médecins qui rattrapent les dégâts des avortements clandestins, etc…



Certaines scènes sont à la limite du supportable…à lire … alors à vivre …



Pour nous autres installés confortablement, il peut paraître surprenant que ces femmes se laissent ainsi avalées par cet engrenage.

Difficile à comprendre certes pour qui ne peut se mettre à leur place.

Et pourtant, l’auteur décrit toutes ses tentatives pour échapper à cet enfer, les difficultés rencontrées pour y parvenir puisque tout l’environnement semble ligué pour la maintenir la tête sous l’eau et notamment « les copines ».



Celles-ci ont chacune leur propre histoire et pourtant les origines sont semblables : la misère, le mirage de la vie parisienne, le manque d’instruction, les agressions sexuelles souvent incestueuses.



La détermination de Sophie ne la quittera jamais et elle réussira par s’échapper, se dérober.



J’ai beaucoup apprécié le style énumération/accumulation qui souvent apporte une forme de poésie désenchantée voire désespérée.

Le talent de l’auteur est indéniable qui sans chercher à se justifier lance ce cri de rage contre la société qui ferme les yeux sur le fléau de la prostitution.

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Un assassin au-dessus de tout soupçon

Malgré avoir vu l'émission de télévision, " Faites entrer l'accusé ", de Christophe Hondelatte, l'affaire Alain Lamare, le gendarme assassin, j'ai de nouveau plongé dans ce récit avec plaisir.

Il faut dire que l'affaire n'est pas banale : un gendarme criminel la nuit et qui participe aux recherches le jour concernant ses propres crimes.

Je crois même, que d'avoir vu l'émission Tv rajoute du piment.

Ainsi tous les personnages ont un visage.

Le livre est vivant, se lit comme un bon polar.

Quand la réalité est meilleure que la fiction...
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La dérobade

Foutre, violence, fric : bienvenue dans la vie de Marie dite Sophie dite Fanny. Mais toujours avec la conviction qu'elle va s'en sortir malgré les filles, les taulières, son mac. Malgré les coups, l'abatage, le découragement. Malgré toute la misère humaine qu'elle côtoie. Malgré la violence qui prend le dessus.

Une belle leçon de courage. Une belle plume, capable de créer des images, des évasions sur le sordide de sa vie. D'inventer des histoires pour elle, pour les copines (l'amitié est si rare) pour qu'aucune ne flanche ; pour rendre les passes supportables, pour enquiller une nuit au poste. Pour maintenir l'illusion d'une autre vie ; rares en sont pourtant les élues... Une belle leçon de vie et d'espoir récompensé.
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La dérobade

La dérobade est un témoignage poignant sur la prostitution. Jeanne Cordelier nous relate 5 années de sa vie pendant lesquelles elle a exercé ce qu’on appelle pudiquement le plus vieux métier du monde.



Issue d’une famille nombreuse avec une mère alcoolique et un père incestueux, Marie rêve de paillettes. C’est une voiture de luxe garée devant le bar que fréquente assidûment sa famille qui sera l’objet de sa perdition. Cette voiture est celle de Gégé, proxénète, qui fera rapidement de Marie sa femme, son objet, son gagne pain.

Marie rebaptisée par le trottoir, Sophie ou Fanny est une femme forte qui supporte l’insupportable. Je dois avouer ne pas toujours l’avoir comprise cependant elle a très vite qu’un seule idée en tête sortir de cet enfer, échappée à l’emprise de Gégé. Ce n’est un mystère pour personne, elle y parviendra et c’est juste après ces 5 années à vendre son corps que Jeanne Cordelier écrira 1000 pages réduites de moitié dans la version publiée.

Jeanne Cordelier a une réel talent d’écriture. Dans ce récit, elle alterne avec brio de jolies images, dont la dernière phrase du roman est selon moi la plus sublime des illustrations et des mots d’argot qui ancre définitivement le lecteur dans ce monde de la rue mais qui m’ont un peu gêné pendant la lecture car pour beaucoup je n’en connaissais pas la définition.

Ce roman est assez cru, aucune violence ne nous est épargnée. Les coups de son homme, les nuits en prison, les coups bas des copines et les bizarreries des clients sont décrits sans cachoteries. Des bars à filles, aux hôtels de luxe en passant par les vitrines de la rue Saint Denis jusqu’au maison d’abattage, Sophie/Fanny a tout connu. Et même si les lieux, les personnages, les circonstances sont différentes la violence est identique. C’est pourquoi, j’ai un peu eu l’impression que l’histoire n’avançait pas. Je me dis maintenant que c’est sans doute également ce qu’à pu ressentir Sophie/Fanny pendant toutes ses années. Pourtant le personnage évolue, il s’éloigne peu à peu de ce milieu, de ces obligations.

La dérobade a été publié en 1976 mais j’imagine que malheureusement les choses n’ont que très peu évoluées pour ces filles qui gagnent leur vie en se baladant sur le trottoir.
Lien : http://mesexperiencesautourd..
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La dérobade

« La dérobade » de Jeanne Cordelier est rééditée par les éditions Libretto. Cette ouvrage est un témoignage autobiographique, qui raconte sans tabou la vie d’une prostituée dans les années 70, la misère, les hommes. Un récit sans complaisance où la vérité est crue, violente comme l’est le milieu de la prostitution.

Une femme qui malgré tout va rester debout et qui avec ténacité va reconquérir sa liberté, sa dignité et sa vie. Au-delà du témoignage émouvant , une écriture, des mots qui percutent le lecteur dans son cœur, sa chair… On ressort de ce livre avec une vision de la prostitution différente de celle qui est parfois décrite comme volontaire, « métier ». Cette vision qui oublie l’avilissement du corps, l’esclavage et que Jeanne Cordelier courageusement décrit, crie !

Un livre à lire pour se rappeler !

Merci aux éditions Libretto et à Babelio.
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Un assassin au-dessus de tout soupçon

fait divers qui est d'autant plus angoissant et cynique qu'il retrace le jeu du chat et de la souris et le chassé croisé d'un tueur et de sa hiérarchie, appartenant lui-même aux forces de l'ordre et avant que d'être appréhendé.
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La dérobade

Dur, dur! Malheureusement plus "à la mode", mais je le mettrais cependant dans la colonne des livres indispensables.
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La dérobade

J'ai lu ce roman à sa sortie. J'en garde le souvenir d'une jolie plume, mais d'un style très cru sans fioriture, et d’un sujet extrêmement délicat et perturbant . Un témoignage poignant qui vaut le détour d'une lecture
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La dérobade

souvenir de lecture... la prostitution



*



« Le récit de Jeanne Cordelier a tout juste trente ans.



Il pourrait en avoir cent et avoir été écrit hier », nous dit Benoîte Groult.



La Dérobade est de ces livres qui résonnent longtemps, qui s’ancrent dans nos âmes, « tant la douleur est éternelle, et tant “l’espérance est violente”, et tant le talent n’a pas d’âge ».



D’aucuns disent que la prostitution est un métier comme un autre – le plus vieux d’entre tous –, un espace de liberté, un droit… ancestral. On se rassure. On se ment.



Pour les autres – la majorité, osons-nous croire –, la prostitution relève de l’exploitation sexuelle des femmes, de la violation des droits de l’Homme. Lisons, relisons "La Dérobade", la vérité est là, crue, amère. Elle est partout, dans ce style luxuriant, brûlant, dans ces mots exutoires, dans cette « révolte précieuse qui est parfois le seul signe de vie au fond de l’horreur ».



« Jeanne Cordelier fait le récit de sa vie de putain, avec des mots qui percent l’âme, le cœur et le ventre… un souffle lyrique à la Cendrars mais aussi une simplicité, une authenticité sans bavures." Georges Begou / France inter



« "La Dérobade" de Jeanne Cordelier, c’est de l’or pur. » Yvan Audouard



voir le blog de l'auteur : http://laderobade.jeannecordelier.eu/


Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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La dérobade

Un livre témoignage, magnifique de terreur de désespoir et chargé d'espoir! j'ai trouvé ce livre magnifique
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Un assassin au-dessus de tout soupçon

Alain Lamare est un jeune gendarme au SPIG de Chantilly. Il se rend compte que tout ce que traite son unité ne lui convient pas. Il veut tenter de redorer le blason. Il va se préparer minutieusement et petit à petit, il va plonger. Mais il se rendra compte qu’il est obligé de tout apporter sur un plateau, et encore.



Le sujet était passionnant. Un jeune gendarme qui bascule (pas du côté obscur de la force) dans le vol, l’agression et le meurtre. Mais, voilà, ce ne sont que des faits, des enquêtes, des témoignages recueillis par l’auteur. Il relate tout simplement, sans en faire plus. Il agence du début à la fin, sans états d’âme, sans implication réelle. J’ai déjà lu des auteurs relatant des faits réels mais il y avait beaucoup plus dans leurs écrits que ce que j’ai pu lire ici. Le style de l’auteur est bon. Un bon travail de journaliste retranscrit sur de nombreuses pages. Mais je m’arrêterai là. Si je n’ai pas aimé ce côté non vivant, d’autres lecteurs que moi pourraient trouver leur compte en lisant. Il faut aussi du temps pour retranscrire tout. Cela a été quelques années de travail en amont pour tout avoir et ensuite il y a eu l’écriture du livre. Bien entendu, l’auteur n’a pas voulu faire de sensationnel et c’est normal. Il ne prend fait et cause pour personne. Un vrai travail de journaliste.



C’est vraiment dommage car la lecture n’a pas du tout pris à mon niveau. L’auteur des faits ne m’a rien inspiré. A part quelques interrogations. Comment en est-il arrivé là ? Une envie de reconnaissance légitime pour son travail, pour sa brigade. Mais les dés sont pipés dès le départ car il ne montre que ce qu’il veut et à qui il veut, c’est-à-dire à personne sauf à lui-même et son jeune frère, encore à un âge impressionnable.



La seule personne qui a pu trouver grâce à mes yeux est le policier Neveu ou encore Pineau. Solitaire, très bon, il n’hésite pas à travailler en profondeur. Mais voilà, son travail, reconnu, ne lui attire aucun ami et surtout aucune aide de la part de sa hiérarchie. Alors, on peut comprendre qu’il se dessaisisse de tout ça. Pourtant, cela aurait pu faire avancer les choses et qu’elles ne trainent pas en longueur. Mais que faire ? A part agir en solitaire, se taire toujours et tout le temps.



Outre ce gendarme, l’auteur démontre très bien les guerres entre gendarmerie et police, entre les différents services. Je ne m’imaginais pas que cela pouvait être autant. Est-ce l’époque qui veut ça ? Les lieux ? Cela ne donne vraiment pas envie d’avoir affaire à ces gens-là. Pas étonnant que les délinquants passent au travers des mailles du filet. Pas étonnant que les victimes se sentent abandonnées quand elles décident de porter plainte et ne rencontrent aucun écho. Pas étonnant que certaines affaires, malgré un juge qui veut que tout se passe bien, ne passent pas le cadre du non-lieu



Je n’ai pas vu le film tiré du livre. Je n’aime pas trop ça. Mais là, je pense que ça devait être intéressant surtout avec Guillaume Canet. Toutefois, je le regarderai si je tombe dessus mais je n’irai pas le chercher. Ce livre est ma première déception de l’année 2016.
Lien : https://livresaprofusion.wor..
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La dérobade

On est en 1966. Sophie arpente tantôt les rues malfamées et les hôtels miteux de Paris, tantôt les maisons closes et les bars chicos, à la recherche du micheton. Elle nous raconte sa descente aux enfers quotidienne, oscillant entre l’argot parisien et un lyrisme hors du commun, une voix qui crie et qui susurre, une voix qui nous emporte dans l’essence même de la condition féminine.



[...]

Sophie la putain entre en scène ! Femme esclave, femme battue, femme violée, son récit ébranle. Écoutez cette voix autobiographique qui crie dans sa prison, ce cœur si tolérant qui a tant d’amour à donner ! Elle raconte la prostitution de la femme, cette forme de prostitution qu’on ne veut pas voir et qui pourtant en dit long sur l’histoire des femmes.



Son récit est nécessaire, car si le Paris d’aujourd’hui n’appartient plus aux ouvriers, et si un vent de mondialisation a soufflé sur la prostitution, les conditions de la prostitution sont les mêmes ; on a troqué l’avortement sauvage pour la contraception et la syphilis pour le sida.



Mais Sophie ne se laisse pas apprivoiser par le lecteur si facilement. Il faut d’abord passer le cap de la première partie dont l’argot est ardu ; mais ensuite, elle se dévoile et laisse entrevoir la jeune fille issue d’une famille ouvrière et les traumatismes de son enfance. Dès lors, chaque mot cogne, son style lyrique et luxuriant éclate, mêlant vérité crue et métaphores sensibles, parvenant à faire jaillir le sublime dans l’horreur. Un texte exceptionnel, intemporel, poignant et nécessaire.



L'article entier sur mon blog :

http://www.bibliolingus.fr/la-derobade-jeanne-cordelier-a107974310
Lien : http://www.bibliolingus.fr/l..
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Un assassin au-dessus de tout soupçon

Basé sur des faits réels, voici l’histoire du ”deuxième tueur de l’Oise”, un gendarme qui va s’évertuer à devenir un vil escroc et assassin afin de faire briller sa brigade.



Livre hallucinant tant par l’absurdité de certaines scènes couplées à l’incompétence et l’égoïsme des services de police, de gendarmerie et même de la magistrature ; plus préoccupés par leur petite guerre de territoire et de poste que par ce gendarme psychopathe qui défraie la chronique de 1978 à 1979.



Ce gendarme Lamare, désabusé au comportement paradoxal schizophrénique, est tantôt très malin, tantôt un brin naïf et gaucher, impliquant des scènes cocasses entrecoupées de plans rondement menés et maitrisés… On y découvre à travers sa chronique les us et coutumes des différentes forces de l’ordre et le mécanisme des enquêtes judiciaires françaises…



Le livre, à mi-chemin entre polar et essai, relate les faits historiques, énumérés et quelque peu romancés, dont tout l’intérêt est de dévoiler l’hypocrisie et le cynisme de cette société dont l’égoïsme carriériste a la primeur sur le bien-être de la société… La fin en est malheureusement le reflet… Et, amertume dans la bouche, on se dit que tout cela n’a presque servi à rien…
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La dérobade

La Dérobade

Jeanne Cordelier (née en 1944)

« La Dérobade c’est l’histoire pleine de bruit et de fureur d’une longue saison en enfer, car se prostituer c’est comme vivre un éternel hiver… »

Une très belle préface de Benoîte Groult précède ce récit autobiographique bouleversant, l’histoire de Marie, de son nom de trottoir Sophie, qui après une enfance difficile dans une famille modeste a été abandonnée par ses parents dans les bras d’un souteneur qui l’a mise au turf.

Quatre années de prostitution que Jeanne Cordelier raconte sans détour, évoquant les diverses facettes de cette vie avec les nuits de garde à vue, les passes à la chaine dans les pires claques (jusqu’à soixante quinze passes de sept minutes !), l’arrière-goût de ciguë du champagne, les perversions de certains michetons, la violence des julots qui attendent l’oseille, les partouses improbables, la tristesse et le moral flingué, la solitude et la lutte pour s’en sortir. Sans oublier les viragos comme Madame Pierre, la mère maquerelle de la rue de la Grande Truanderie, une vraie trimardeuse, une taulière qui se glorifie d’avoir eu, certaines nuits de février, le gel au bout des seins et qui annonce à ses filles pour bien les mettre au parfum :

« Mesdames, vous êtes du bétail, rien que du bétail, ne l’oubliez pas. » Et les filles de répondre : « Oui Madame Pierre. »

Dans un style dur et âpre très travaillé, parfois violent, au vocabulaire argotique, souvent poétique comme dans sa description des Halles de l’époque, Jeanne Cordelier déroule sans mélodrame et sans haine son existence douloureuse sur les trottoirs à faire le tapin et dans les chambres à la merci des caprices des hommes, entre ceux qui se servent d’elle et ceux qui ont besoin d’elle. Comme dit Sophie, il ne faut pas avoir le cœur trop tendre et il faut éviter de penser quand on fait la pute.

Et Sophie dans les moments de relâche s’interroge :

« Que faire d’une nuit de liberté quand on a perdu l’habitude, quand on n’a personne à appeler, à qui dire simplement : alors, on dîne ensemble ? »

Extrait : Saynète exécutée par Sophie déguisée d’une barboteuse et d’une passoire en guise de couvre-chef, pour le plaisir d’un « ministre » :

« Je m’appelle Slup-slup. Je viens d’un lieu connu de tous et pourtant vous n’en soupçonnez rien, d’un lieu mille fois exploré, fouillé par vous, d’un lieu tiède et douillet, accueillant mais un peu humide, d’un endroit où il fait bon vivre, d’une contrée où l’on ne parle pas de politique mais de plaisir, où les dirigeants sont dirigés, les costauds matés, les incompris compris, les malheureux réjouis, les jouisseurs satisfaits, les obscurs illuminés, les intellectuels abêtis. Mon existence se meut dans les profondeurs féminines… Ohé ministre, je pourrais te raconter des histoires obscènes, faire plein de trucs avec mes doigts et ma bouche,..simuler l’orgasme dévastateur… »

Au petit matin gris d’incertitude, en remontant la rue Fontaine comme chaque jour en silence après une nuit blanche, Sophie épuisée et légèrement ivre ne voit que les taxis qui roulent au pas à la recherche du client égaré dans la faune barbouillée de Pigalle…C’est l’heure où les pauvres ribaudes fatiguées quittent leurs perchoirs, l’heure où le savant maquillage n’est plus qu’un masque grinçant, l’heure du cerne bleuté, triste à dormir, l’heure où les chasseurs font leurs comptes.

« C’est l’heure où, entre chien et loup, mon cœur se déchire, envahit ma poitrine, vagabonde jusqu’à la masse sombre des arbres, s’y écorche en cherchant sa raison de battre. »

Et citant Prévert, Marie de confier à sa copine Maloup en pleine dépression :

« Il y aura toujours un trou dans la muraille de l’hiver pour revoir le plus bel été…Tu comprends Maloup, nous ne faisons que traverser un long hiver, rien d’autre. »

En résumé, un récit parfaitement écrit dans un style riche et exubérant, sans complaisance, absolument bouleversant, relatant une vérité crue et amère.

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La dérobade

J’ai acheté ce livre sur une brocante et j’ai voulu le lire car le sujet est intéressant et mon grand-père l’avait lu. La curiosité l’a donc aussi emporté.



C’est un témoignage enrichissant, il nous fait découvrir la prostitution des années 1960 au temps où les maisons closes étaient encore ouvertes à Paris. Au moment aussi où les lois ont commencé à changer et les bordels qui ont fermé. On apprend la différence entre une prostituée de maison close, de luxe et de la rue. Au final, il n’y en a pratiquement pas, à part la sécurité que procurent les maisons closes.



On découvre Marie, qui aura été malheureuse toute son enfance et la première partie de sa vie d’adulte. Son enfance a été terrible… On la suit dans les méandres de la prostitution, dans ses amitiés, ses inimitiés, ses espoirs, ses tentatives de suicide. On suit, également, à travers son regard le chemin d’autres prostituées, celui des macs ou des matrones. On suit le point de vue des gens et des policiers. Marie a sombré dans la prostitution car elle voulait fuir sa famille destructrice et elle espérait trouver un meilleur avenir. Elle s’est faite entourlouper par son futur mac, qui a vu sa faiblesse et qui a été bien aidé par le père de famille. Malheureusement, ce genre de choses arrivent encore aujourd’hui…



C’est un récit poignant, révoltant. J’ai été bouleversée et choquée. C’est très bien écrit, il y a beaucoup de mots d’argot et de vieux français mais j’ai fini par m’y faire et ça ne gêne pas la compréhension du récit. J’aurais aimé davantage de pages, un peu plus d’informations sur ce qu’elle devient après la prostitution. Mais cela ne m’a pas empêché d’apprécier cette lecture. Je ne regrette pas.
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La dérobade

Témoignage
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Yo

Il est étrange, ce livre, et même si je l'ai lu jusqu'à la fin, il ne m'a pas beaucoup inspirée... Yo, -Yolanda- en est son héros et son sujet : une galerie de personnages (famille, amants, amis...) dresse son portrait, parfois tendre et parfois cruel. Chaque chapitre est la voix d'un autre et de ses rapports avec Yo. Cette narration un peu particulière n'est pas simple à suivre, car on ne retrouve jamais deux fois le même personnage et en plus, ce n'est pas dans l'ordre chronologique de sa vie. On recoupe, on établit des liens, on remplit les vides, et au final on a une image de Yo et de sa vie assez bancales, sans parler du fossé qui sépare New York de St Domingue!

D'autre part, tout est écrit (à l'exception de l'avant dernier chapitre) avec le même style : adopter un style plus approprié au personnage qui raconte m'aurait semblé légitime, surtout quand il s'agit d'un paysan analphabète de St Domingue ;-)

Mais c'est loin d'être inintéressant. Il y a juste tout un tas de question que je me pose et qui n'ont pas trouvé de réponse dans le roman : pourquoi elle ne veut pas d'enfants, Yo, et pourquoi après elle en veut et puis elle n'en veut plus? Et c'est qui ce gamin que sa mère a essayé de tuer à la naissance? Et pourquoi elle a pompé les histoires de ses étudiants alors qu'elle pouvait écrire les siennes propres? etc etc

La construction du récit s'évade un peu trop et ne relie pas suffisamment les chapitres les uns aux autres : on pourrait trouver des éléments manquants dans un chapitre dans un autre, mais l'auteur n'a pas choisi de travailler comme ça. Moi, ça m'a manqué!
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La dérobade

bouquin et film pas mal ......
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La dérobade

Ce livre vaut ce qu'il vaut par le fait que ce soit un témoignage authentique. Donc si le sujet vous interpelle, ça peut avoir son intérêt.

Pour ma part, je l'ai lu il y a très longtemps mais il m'en reste un souvenir malsain et sordide. C'est une réalité, certes, mais ce n'est pas agréable à lire.
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La dérobade

Lecture difficile à tous points de vue. Je ne maîtrise pas l'argot alors forcément certains passages sont restés obscurs, certains m'ont ennuyée. Je ne conseillerais pas ce livre aux âmes sensibles, tellement c'est dur, violent, écœurant.
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