Maryse Boutrin

Instance et révérence au-delà de nos songes
instance et révérence pour toi
ô source primale ô jaillissement
offrande confondue de l’aurore
toi semence nouvelle sphère féconde
ô glorieux instant de bronze et de latex

Vers toi en ces lointaines rives
mes pas agiles mon luth son appel son essor
vers toi océan sans rivage
au-delà de ce fleuve d’étoiles
errance non présage
vers toi l’ineffable miroir
de cette nuit d’érable
vers toi élite des grands fonds
louange de tous les âges
vaisseau des jours sans fin

Ne nous arrêtera point d’ouvrir au large
sans rime ni mesure le livre de nos solitudes
ne nous arrêtera point de suivre
sur les chemins rocailleux de notre Éternité
la voie royale de nos songes
ne nous arrêtera point d’aimer
aimons
l’onde de nos silences peut être l’ascèse de l’oubli

Il y a aux antres de l’oubli
un aurore fertile un océan sublime
impalpable et amer
il y a aux gorges du souvenir
un sourire ineffable ténébreux
une rive fugace inexorable et pure
il y a aux soutes du destin
un somptueux voyage un éloge illicite
il y a aux portes des illusions
l’appel mystérieux
il y aura toujours des rires et des pleurs
des îles translucides
des mers et des soleils à l’aura de l’éveil
il y aura toujours une saveur nouvelle
un rire virginal
qui répandra l’ivresse des soleils partagés
il y aura toujours des haltes obscures
sur les vallons stériles de l’espoir
une complainte amère sur les feux mélodieux
des mélopées fugaces
il y aura toujours
des regards éternels et vains

Porte moi Océan sur le cristal
de tes plaines argentées
porte moi sur l’albâtre inflexible, ton éclat
porte moi œil pénétrant
sur tes profondes sphères
Que notre marche, secrète ovation
nous soit instance et révérence
que notre houle, source innombrable
ode lointaine, s’ouvre aux délices
inébranlables prolixité d’écume, d’ambre et de jade
porte moi sur l’essieu de tes ailes
A l’heure où tes rivages en dérive
sur toute piste renouvelée
élèvent leurs chants
emporte moi, pur émoi
plus loin, plus loin
et au-delà