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Citation de Tandarica


Je me suis promené avec lui toute la nuit, ça et là, pour at­teindre vers le matin la place aux fleurs, au Vieux-Castel. Aux abords du mur de l’église à tourelle verte luisait craintivement une faible lumière qui nous attira. Quelqu’un l’avait allumée au chevet d’une morte qui gisait décemment sur une natte de roseaux. Si on ne me l’avait pas dit, je ne l’aurais pas cru, c’était Pena Corcodușa ; comment reconnaître en ce doux vi­sage aux traits raffinés l’épouvantable furie de l’année écoulée ? Dans le sourire de ses lèvres bleuies et ses yeux ouverts, se logeait une sensibilité extatique ; la femme qui avait été aliénée par l’amour paraissait morte béate : peut-être qu’en cet instant fugace de la fin, englobant l’éternité, elle avait vu l’orgueilleux cavalier de la garde en la personne duquel se reflétaient les brillances unies de deux couronnes impériales. Le soir, je flanquai jusqu’à la frontière un gentilhomme rasé, aux favoris courts, habillé élégamment pour un périple : un étranger. Nous nous tenions à une table du wagon-restaurant, face à face et n’avions rien à nous dire. La nuit était tombée brusquement. Je me rappelai celui qui n’existait plus, l’homme qui m’avait semblé un ami de toujours, voire un alter ego, Pantazi, lorsqu’il me demanda que boire.
(p. 121-122 de l'édition de Gabrielle Danoux )
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