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Critiques de Matthieu Ruf (5)
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Le jour des silures

Un petit conte post-apocalyptique très sympa, d'une rédaction aérée et rythmée. J'ai bien aimé le thème qui aurait de prime abord fait pensé à un remix de Metro 2033 pour finalement aboutir à une réflexion métaphorique sur notre société, avec nombre de transferts conceptuels à la clé.
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Le jour des silures

Un roman d'anticipation qui se lit d'une traite. Et si nous nous retrouvions submergés, que resterai il ? Le jour des Silures est une véritable pépite qui, au-delà de vous transporter avec son intrigue haletante, vous fera réfléchir sur un éventuel après.

Un vrai tour de force réalisé par ces quatre auteurs.
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Le jour des silures

Tandis que je m'approprie toujours plus le rayon SF de la nouvelle librairie dans laquelle je travaille, je suis tombé sur ce court texte relevant davantage de l'anticipation que de la science-fiction pure et dure. Je ne connaissais pas les éditions ZOE (encore moins le quatuor de plumes qui a signé ce texte).



Nous suivons Boris et Salömon, deux scaphandriers qui arpentent les cours d'eau d'un monde immergé du fait de la montée des eaux - une réalité pas si future. Ils plongent à des points précis dans le but de dénicher des objets d'avant, dans le but de les revendre ou je-ne-sais-quoi.



Les deux hommes - la soixantaine, tout de même - finissent par débarquer dans une ville que certaines lectrices et certains lecteurs reconnaissent comme étant celle de Genève. Là, la population vit comme elle peut, confinée parfois pour cause d'attaques de silures, ces poissons de lac qui ont bien muté et qui s'en prennent, entre autres, aux enfants.



Boris et Salömon, suite à un vol d'une partie de leur matériel et de leurs trouvailles, découvrent une réalité tout autre.



Le jour des silures est un texte qui, je l'ai dit plus haut, relève davantage de l'anticipation que de la science-fiction. On peut y voir une métaphore des pouvoirs publics, de la presse, entravant la population dans une peur continue que dans un réel effort d'adaptation. Vouloir revenir au monde d'avant alors que le mal est déjà fait est aberrant - rajoutez à ça les confinements successifs : difficile de ne pas voir un lien avec la gestion occidentale du monde post-COVID : dans certains coins comme la Sibérie ou l'Amérique du Sud, certaines maladies que l'on pensait annihilées font leur grand retour, et à côté d'elles, avoir le COVID est aussi agréable que de se faire chatouiller les pieds par deux clowns sous acide.



J'ai beaucoup aimé le travail de la langue opéré par le quatuor, la poésie qui en découle et la mélancolie certaine qui chante ; le scénario est peut-être banal, sous d'autres mains aurait-il l'air d'un texte SF quelconque, quoique charmant. Là, on apprécie la belle littérature - certes un peu âpre pour qui n'en a pas l'habitude, ou expérimentale.



Les bruits de langue qui en découlent sonnent comme un filet d'eau au sein d'une grotte souterraine, ou des galets qui roulent sous nos chaussures. Je trouve ça magnifique.





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Percussions

Je ne me sens pas trop apte à écrire des critiques, mais ce livre que j’ai de la peine à quitter et qui me laisse une profonde émotion, j’ai envie de le partager. Sur le blog de Francis Richard, j’ai trouvé une belle expression de tout ce que j’ai ressenti et il l’écrit beaucoup mieux que ce que j’aurais pu en dire.



Donc critique de Francis Richard (http://www.francisrichard.net/2016/03/percussions-de-matthieu-ruf.html)



La vie est faite d'oublis: on oublie la plupart du temps qu'on est condamné à mourir et on oublie également la plupart des choses que l'on a vécues. Heureusement dans le fond, sinon, comment pourrait-on continuer à vivre, l'esprit encombré par la hantise de la mort et par tous les petits riens qui font une existence?



Un jour, Emilie, la soeur du narrateur du livre de Matthieu Ruf, après avoir observé le cycle de vie d'un papillon accroché à une lanterne à huile, remarque que celui-ci ne sait pas qu'il lui reste peu de temps à vivre et que, ne le sachant pas, il ne cherche pas à voir du pays et reste posé là, bêtement. Elle demande à son frangin:



"Mais si on n'oubliait pas? Qu'est-ce qu'on garderait? Qu'est-ce que tu garderais, toi?"



Il ne lui répond pas. Parce que son esprit, à ce moment-là, est distrait par son corps qui ne veut pas faire l'effort de parler. Alors, Percussions est la réponse parcellaire à cette interrogation, parcellaire parce que la réponse à la question est de chaque instant et parce qu'il est impossible de garder tous les instants...



La mémoire est capricieuse. Le récit est à son image: il va et vient dans le temps: un quart de siècle en arrière, une décennie plus tard, douze ans plus tard encore, quatre mois plus tôt, puis treize ans plus tôt etc. ; et dans l'espace: la maison familiale en Suisse, le parc de Kakadu en Australie, la Bretagne, Berlin, Dublin, Bogotà, Buenos Aires, Madrid etc.



Le narrateur garde quelques traits de proches - frère, soeur, parents, grands-parents, amies et amis - ou de personnes rencontrées: des doigts, des jambes, un sourire, un rire, une voix, une tête, un torse nu; il garde des détails qui ne parlent qu'à lui: l'écorce d'un arbre, des chaussures de marche, un linge imaginé, des pages d'un livre "lues comme une prière"...



Sa mémoire garde "tant d'autres éclats d'existence, de percussions qui [le] traversent constamment, images, sons, touchers, odeurs, goûts, contacts accumulés qui bougent sans cesse, se superposent, se télescopent, se démultiplient, présences irréductibles mais aléatoires" que la réponse différée à la question d'Emilie reste cependant incomplète et fuyante.



Disséminés dans le récit, mis bout à bout, ces éléments restituent tout un monde, singulier, humain, dans lequel le lecteur peut en conséquence se reconnaître ici ou là. Mais, surtout, le regard du narrateur - par moments il s'identifie aux êtres ou aux choses -, son ton, ses mots, fascinent le lecteur par le pouvoir d'évocation de ses "couches d'expériences, de fantasmes et de fictions".



Alors le lecteur se relit des passages du livre qu'il vient de terminer, n'ayant pas envie de l'abandonner de sitôt à son sort, sur une table ou une étagère. Il les relit en l'ouvrant au hasard, parce que le récit, de toute façon, n'est pas linéaire et se défie de la chronologie, parce que ce qu'il cherche à retrouver, ce n'est pas tant un sens bien défini que des correspondances et une musique qui le ravissent.



Francis Richard Percussions, Matthieu Ruf, 156 pages, Editions de l'Aire

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Le jour des silures

Superbe découverte que ce roman écrit à huit mains par Aude Seigne, Anne-Sophie Subilia, Matthieu Ruf et Daniel Vuataz. Dans un futur pas si lointain, l’eau a envahi la plupart des villes et condamné la population à vivre dans les derniers étages encore secs, des bâtiments submergés.



Le ton est donné dès les premières lignes du récit : « Une cité submergée, parmi tant d’autres du globe, désormais. » La subtilité de l’écriture et de nombreux indices savamment introduits par touches successives font reconnaître Genève pour celles et ceux qui y habitent où la pratiquent, connaissent ou ont connu ses rues, ses parcs et ses lieux de détente ou de loisirs incontournables, ses particularités… Son nom n’est toutefois jamais cité et ce pourrait être une ville comme des milliers d’autres pour celles et ceux à qui elle est étrangère.



On y suit la mission de Boris et de Salömon, deux scaphandriers d’une soixantaine d’années, mandatés par Colombe, présidente des territoires dont le rôle est de s’assurer de la protection de la population et d’anticiper la décrue espérée par celles et ceux qui n’ont pas quitté la ville.



Boris et Salömon sont chargés de récupérer des plans dans différents lieux engloutis de la ville. Des plans de quartier, des zones à bâtir, des projets réalisés ou avortés qui aideraient à reconstruire le monde de demain, quand l’eau se sera retirée.



On plonge avec ces deux hommes et on découvre la ville et ses quartiers engloutis, transformés par la faune et la flore aquatique, habitée d’une atmosphère magnifiquement rendue. Une ville semblable et en même temps totalement autre que la ville « sèche » dont les survivants et survivantes entretiennent le souvenir au travers du « récit-corail », rituel consistant à se remémorer à tour de rôle des lieux et des moments de la ville d’avant et à les partager collectivement.



Entre le souvenir et l’espoir du retour à la ville perdue, la peur. Une peur terrible, celle des silures. Ces poissons de lac devenus énormes et mesurant plusieurs mètres de long envahissent régulièrement les eaux de la cité submergée et, aux dires de Colombe, dévoreraient les enfants dont plusieurs auraient disparu à chaque apparition de ces géants d’eau douce.



Un jour pourtant, Boris, d’abord, puis Salömon, interceptant un vol dans leur hangar, vont découvrir une vérité tout autre…



On a adoré le mélange de l’ancien monde et du nouveau dans une société qui tente de se maintenir après un effondrement partiel. L’opposition de l’ancien et du nouveau aussi entre les jeunes générations et les plus âgées. Quelques passages nous ont évoqué des souvenirs de Sa majesté des mouches, bien que les deux romans ne développent pas des trames similaires. Sans être particulièrement pessimiste, on pourrait presque envisager Le jour des silures comme un récit d’anticipation. On vous le recommande vivement



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