Michel Bulteau raconte ses entretiens avec Allen Ginsberg. Une rencontre faite de grâce, merci à Henri Michaux. Ginsberg est à cette époque au sommet de sa gloire. Tout le monde veut le photographier, faire son portrait, les jeunes étudiants, tels des disciples, lui demandent s’il est bien en chair et en os. Jésus Christ est parmi nous. Ginsberg suggère à Mc Cartney de ne pas publier un recueil de poèmes qu’il lui soumet. Il repart avec une liste de poètes à lire et à étudier. Avec Ginsberg, n’importe qui doit faire ses gammes, même quand on est un ex-Beattles. Faut que sa beat. Toute une génération. Bob Dylan lui demande s’il est toujours en contact avec Burroughs.
- Ginsberg : Oui, oui, je le vois la semaine prochaine.
- Dylan : Dis-lui bien que je ne cesse de le lire et que je crois en chacun de ses mots.
Qu’est-ce qui fait qu’Allen Ginsberg a été hissé au rang de prophète de son vivant ? Bob Dylan répond “si Edgard Allan Poe vivait à notre époque, il serait milliardaire. ” Merci Bobby.
De ces fragments d’entretien reste l’essentiel. Ginsberg nous parle inlassablement de ses maîtres William Blake, Shelley et de Walt Whittman. Michel Bulteau nous plonge dans leur discussion, tour à tour pointilleuse, légère, toujours poétique, et l’essence apparaît. Une vie à écrire et à étudier. Quand Ginsberg voit des brins de paille exposés au Jeu de Paume, ils lui rappellent un poème qu’il nous récite. Bulteau nous le retranscrit. Le calme et l’apesanteur du grand maître sont là. Ils planent. Source infinie de culture et d’abandon, ces pages dessinent un portrait fin (de carrière) de Ginsberg. Sur son lit de mort, artistes poètes écrivains se succèdent pour le voir une dernière fois. Ginsberg s’en va ressusciter. Avec espoir.
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