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Citation de Charybde2


Mais avec l’étonnant Cimetière juif (…), Ruisdael change son réalisme pour une atmosphère pré-romantique. Sur un ciel nocturne se dresse la haute silhouette d’une bâtisse détruite ; les tombes de guingois baignent dans une lumière blafarde qui s’attarde sur la face livide d’une pierre. L’atmosphère morbide est cependant contredite par les mouvements de la nature ; si le tronc sec d’un arbre mort barre le premier plan, l’arc-en-ciel, la course des nuages et les branchages battus par les vents bouleversent le paysage. Goethe y repère un « aimable ruisseau », dans lequel il voit un signe de vitalité qui dément la tonalité lugubre du tableau. Du coup, Ruisdael – pionnier avec Lorrain de la peinture de paysage – donne à son tableau une double signification : lieu de mort et de résurrection. En faisant voisiner ruines et tombeaux, le peintre néerlandais préfigure une association qui sera chère à Diderot ; elle inspirera à l’Encyclopédiste des sentiments contradictoires : « C’est que les ruines sont un lieu de péril, et que les tombeaux sont des sortes d’asiles ; c’est que la vie est un voyage, et le tombeau le séjour du repos ; c’est que l’homme s’assied où la cendre de l’homme repose. » Le Cimetière juif sera unanimement admiré par la génération des romantiques allemands, de Goethe à Friedrich et Carus, selon lequel il exprime « dans la vraie langue de la nature, la sensation la plus intime d’une belle et grande individualité ».
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