Michel Thion

Parmi les humains, à leur semblance, marchent les amorphes.

Sans forme, ils se coulent dans celle que leur proposent les tyrans.

Sans désirs, ils agissent comme leur dictent les bourreaux.

Sans regard, ils sont aveugles au passé.

Sans pensée qui vienne d'eux-mêmes, ils ne questionnent pas le présent.

Sans futur, ils vivent à ciel fermé.

Leurs miroirs sont de pierre grise.

Leurs visages sont maculés d'insensibilité.

Fatalistes, résignés, ils sont les mains qui nous serrent la gorge.

Ils sont nos frères les plus proches, nos voisins, nous-mêmes.

Ils vivent dans nos villes, les amorphes.