Le nuage et l’étoile
Je passais dans le monde, ainsi qu’un lourd nuage,
Plein d’éclairs la poitrine et de fécondes pluies.
Mais une étoile près de moi s’est endormie
Et vrai ! Je n’ose pas la réveiller.
Ma tâche ici, pourtant, n’est pas un jeu frivole.
Comment le dire encore et t’en convaincre ?
– Ton doux sommeil, petite étoile, incite au rêve,
Et moi, je suis contraint par d’autres lois.
Vois ces arbres puissants qui se dressent stériles :
Ont-ils donc oublié leur nature ?
Et ces champs assoiffés attendant que descende
La manne en longs torrents.
Tandis que moi, sombre et lourd nuage,
Plein d’éclairs la poitrine et de fécondes pluies,
Je m’attarde à veiller sur l’étoile endormie
N’osant lui faire ouvrir les yeux !
(traduit du roumain par Claude Sernet)