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Citation de levri


Pour la première fois de mon existence, depuis que j’avais accepté mes fonctions de prêtre, je me refusai à regarder la mort en face. Les enseignements que j’avais reçus dédramatisaient le passage dans l’Autre monde, nous savions exactement ce qu’il advenait de nous après notre trépas et nous ne le craignions pas. Pourtant, je ne voulais pas que Sekhyl s’en allât. J’avais besoin de lui dans ma vie : avec qui me chamailler, qui taquiner, si ce n’était plus lui ? Cela n’aurait plus aucun sens, plus aucune saveur.

Il avait pris une telle place dans notre groupe – notre famille –, sans qu’on s’en rendît compte… Il jouait le rôle de grand frère, il veillait sur nous, même si parfois il se plaignait de devoir être une nounou et qu’il ne recevait aucune gratification pour ce travail. Il était fier, sarcastique, gentil, généreux, beau, charmeur… Il ne pouvait pas mourir, c’était injuste qu’il finisse comme ça. Comme si on m’avait enlevé des œillères sur notre façon d’aborder notre existence mortelle, je pus voir la vie, le temps s’égrainer, s’écouler, fuir entre mes doigts, tandis que je tentais désespérément de les retenir. J’eus honte de mon impuissance, moi qui étais pourtant un prêtre du dieu de la mort. À quoi pouvais-je donc bien servir, au bout du compte ? Était-ce là un nouveau jeu macabre ?
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