Moshe Zimerman

Tiens, un livre sur le cinéma israélien! Bonne idée de lecture pour trouver des films à regarder.. Tiens, une bibliographie…avec Barthes ,Lucien Goldmann et Bakhtine… Quelque chose me dit que ce n'est pas ici que je vais trouver des films classés par genre avec des photos d'acteurs, et quelques anecdotes historiques pour contextualiser l'ensemble…

On l'aura compris, le Cinéma israélien 1948-2000 est un ouvrage universitaire que l'on doit à Moshe Zimerman, mais je ne connais que le préfacier, Nadav Lapid, dont j'ai vu le film Synonymes.

Je doute avoir pu saisir la substantifique moelle de l'ouvrage, car déjà le premier chapitre porte sur une analyse rigoureuse du film Un trou dans la lune de l'acteur-réalisateur Uri Zohar alias « le Truffaut israélien » qui a abandonné depuis le cinéma pour devenir rabbin ultraorthodoxe, film donc que je n'ai pas vu et que je n'ai pas réussi à me procurer.

Les chapitres suivants sont consacrés à la censure, au cinéma documentaire, aux cérémonies commémoratives, à la musique, mais toujours abordés via une grille théorique, et étayés par de très nombreuses références pas toujours accessibles pour la béotienne que je suis, surtout en ce qui concerne le chapitre consacré à la musique et aux chants populaires dans le cinéma israélien.



J'aurais appris que le cinéma israélien à ses débuts aura été la « voix » du pays, au service du sionisme socialiste, le dénommé « réalisme sioniste », exaltant des valeurs morales qui engendra par opposition et dans les années 60 la Nouvelle vague israélienne (dont l'emblématique Un trou dans la lune d'Uri Zohar), puis un cinéma de contestation sociale dans les années 1970. Qu'il est un cinéma éminemment politique, qui a construit et déconstruit le récit sioniste, pas vraiment libre, et perpétuel objet de lutte de pouvoir. L'analyse s'arrête à l'an 2000, dommage car celui que je connais un peu date du XXIème siècle.

L'ouvrage de Moshe Zimerman est à réserver à un lectorat d'initiés ou de curieux très attentifs et obstinés. Je remercie les éditions G3J pour l'envoi de cet essai reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique Non Fiction.

Je remercie Babelio et son opération "Masse Critique" ainsi que les éditions G3J de m'avoir offert l'opportunité de découvrir ce livre "Le Cinéma Israélien, 1948-2000" écrit par Moshe Zimerman, avec préface pour l'édition française de Nadav Lapid.

Le livre par lui-même est élégant et d'une grande sobriété. Il est illustré par 7 photographies.

Après une présentation, par Navad Lapid, "Pourquoi je filme?", suivit d'une introduction, l'ouvrage se divise en 6 chapitres.

- Le rôle fondamental d'Un Trou dans la lune dans le cinéma Israélien,

- De bonne grâce et avec joie : La censure dans le cinéma Israélien,

- Grandeur et décadence du Nouveau cinéma documentaire,

- Les cérémonies commémoratives dans le cinéma et la culture en Israël,

- Clos sur lui-même et limité dans le temps,

- "Le son manifeste de la beauté" : Musique et chants populaires dans le cinéma Israélien.



Un Trou dans la lune, film de Uri Zohar, sera non seulement l'objet du premier chapitre, mais il sera régulièrement cité tout au long de l'ouvrage. Pourtant, il s'agit d'un film qui n'a connu qu'un succès relatif et qui reste très complexe. Réalisé en 1963, il est important pour le réalisateur et représente aussi une avancée majeure dans le cinéma Israélien.

Un cinéma qui reste cependant dans son ensemble très conformiste et conservateur. Quels en sont les thèmes principaux? : L'armée, les guerres, la Shoah, les problèmes opposant Juifs et Palestiniens, mais aussi les divergences entre les communautés Séfarades et Ashkénazes, le Sionisme... En fait, un cinéma où la politique prédomine.



Ce livre cite un nombre impressionnant de films et fait une analyse précise de plusieurs d'entre-eux. Cependant, le trop plein d'informations (patronymes compliqués à retenir, par exemple) en fait un ouvrage assez complexe et fastidieux à aborder. Par ailleurs, les sujets très particuliers abordés par les films, ne m'incitent pas à les découvrir...

Je pense que cet ouvrage écrit par un universitaire convient davantage à un lectorat spécialisé dans le domaine du cinéma, qui sera plus à même de l'apprécier pleinement et de tirer profit de ce travail pointu.

C'est un travail intéressant mais trop universitaire pour s'apprécier comme une lecture simplement culturelle ou analytique. Ce livre souffre également de plusieurs problèmes, il semble faire une analyse de la société israélienne à travers le cinéma plutôt qu'une analyse filmique. De plus, les angles proposés par les chapitres relèvent de choix assez incompréhensibles tant elles relèvent de l'étude de cas plus que de l'analyse (les cérémonies commémoratives dans le cinéma israélien, chapitre 4, par exemple). Aussi, les explication relèvent trop souvent de simples descriptions successives de l'intrigue des différents films proposés, des films qui, pour la plupart, sont inconnus. Il est donc difficile de s'intéresser au propos détaillé dans ce travail, surtout quand il s'arrête à la présentation de l'intrigue et en quoi elle se rapporte à l'étude en cours dans le chapitre en question.