Myriam Dohr-Combe

Il y a parfois des rencontres livresques improbables mais Babelio est là pour y remédier, non ?

Quelle probabilité avais-je de lire un jour un ouvrage consacré à ma ville, et plus particulièrement à un quartier qui m’est cher ? Faible, alors je m’en suis saisie de suite !



Je me suis donc lancée à la découverte historique du quartier du faubourg des trois-maisons à Nancy. Pas de mystère sur l’appellation : aux origines de mon quartier se tenait un village, celui de Saint-Dizier. Lorsqu’à la fin du 16ᵉ siècle, Charles III ordonna de le faire raser, il ne resta plus que trois maisons épargnées, d’où son nom actuel. Le Duc de Lorraine n’avait pas agi par lubie mais pour protéger au mieux une ville stratégique pour lui ; mais les fortifications seront peu à peu laissées à l’abandon, les fossés comblés et un projet émergera alors : l’installation d’un cimetière hors les murs qui perdurera jusque 1842. Le terrain sera mis en vente en 1853 mais finalement offert à titre gratuit par la ville pour y installer une manufacture des tabacs, puis enfin les locaux de l’imprimerie Berger-Levrault. Le site fermera ses portes à la fin des années 1990 et le terrain de nouveau libre pour un projet immobilier de grande ampleur. C’est alors que seront menées des fouilles archéologiques qui vont permettre de remonter le temps et qui sont racontées dans cet ouvrage.



Même si technique, ce livre est passionnant. Consacré en grande partie au cimetière des trois-maisons, il nous relate comment s’organisait la gestion d’un tel lieu avec une évolution au fil du temps, mais également comment les archéologues et anthropologues ont pu étudier différentes populations au travers de leurs sépultures. À partir de leurs vêtements ou de leurs bijoux, de leurs autopsies, ce sont des histoires de vie qui se racontent : les pauvres, les nobles, les soldats, les enfants, « la bossue »…

Avec cette opération archéologique, de nombreuses découvertes ont pu être faites, grâce à l’étude de ce cimetière urbain moderne. 304 sépultures pour 342 individus ont ainsi été étudiées pour réussir à déterminer les modes d’inhumation en usage sur Nancy à l'époque et leur évolution. Au-delà, ce sont des pans d’histoires qui se dévoilent, avec la gestion des catastrophes, sanitaires ou de guerre.



Un grand merci à Babelio pour m’avoir fait parvenir cet ouvrage dans le cadre d’une opération Masse critique, et aux éditions de l’Université de Lorraine pour l’envoi de ce livre captivant pour la nancéienne d’adoption que je suis.

En ouvrant ce livre, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre et j'ai eu une agréable surprise.



Rien que le format, mélange de textes, de photographies et de dessins, est très intéressant, particulièrement les schémas qui expliquent la répartition des squelettes en fonction des différentes phases.



Je ne suis pas une adepte des XVIIIème et XIXème siècles, pourtant je suis assez curieuse de ce qui ressort des explorations archéologiques. Découvrir de quelle manière a pu être organisé un cimetière n'est pas donné à tout le monde mais avec ce livre, ce sont beaucoup d'informations qui parviennent au lecteur : des décrets établis dans la Lorraine puis/ou au niveau national, des conséquences des guerres, les pratiques funéraires comme les cercueils, les linceuls ou encore tous ces objets que l'on peut retrouver sur les squelettes (les prothèses dentaires, les bijoux, les boutons des vêtements, tout cela offre un aperçu de la vie de l'époque).



C'est un ouvrage qui me pousse à en lire plus sur certains sujets et je remercie Babelio ainsi que les Éditions de l'université de Lorraine de m'avoir ouvert une porte vers ces découvertes.