Pierre Paulin (1927-2009) est certainement l’un des designers qui ont le plus marqué l’imaginaire collectif du XXe siècle. Formes, couleurs, matières se renouvelèrent dans son mobilier grâce à l’utilisation pertinente des nouvelles technologies faisant intervenir polyester, skaï, bois moulé ou encore aluminium. Au sein de cet ouvrage se confrontent les dessins faisant état de projets oubliés provenant des archives personnelles de l’artiste, les expérimentations et les chefs-d’oeuvre. Souvent inédites, ces pièces éclairent d’un jour nouveau l’oeuvre de Paulin et permettent d’en comprendre la genèse, la portée et l’intention. Ce dernier entra en 1951 à l’École Camondo avant d’entamer une collaboration avec Thonet France en 1954 durant laquelle il édita ses premiers meubles inspirés du design scandinave. De 1960 à 1970 il développa une gamme de sièges adaptés aux formes du corps humain immortalisés par le cinéma. En témoignent les célèbres Tongue chair (1967) ou encore le Ribbon Chair (1966). Durant cette période faste il entra au Mobilier National, réaménagea l’aile Denon du Louvre et les appartements privés du président Pompidou à l’Élysée (1971) avant de créer sa propre agence de design industriel, AD.SA. Le succès de son oeuvre devenu célèbre dans le monde entier et exposé dans les musées les plus prestigieux n’entama cependant pas son humilité : il ne se considérait pas comme un artiste et observait ainsi « un designer répond à une commande et à un cahier des charges, c’est un chien en laisse. L’artiste, lui, est un loup, sauvage et libre ».
Par Milène Cuvillier, critique parue dans L'Objet d'Art 512, mai 2015
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