Dis donc, poète
Nous avons deux mots à dire nous aussi sur l'amour
Nous en savons quelque chose nous aussi de ce truc-là
Poussant des cris fous à tue-tête
l'été a filé sous mon nez
comme un train jaune
aux wagons en bois
sentant la sueur, la chair et le tabac
Et dire que moi
je voulais le voir venir
comme celle qui m'apporte du lait chaud
dans son seau de cuivre rouge.
Tant pis,
l'été n'est pas venu ainsi
Ce n'est pas ainsi que l'été vient
Non, pas ainsi, sacré nom d'un chien.
Ô toi, ma fille, ma mère, ma femme, ma sœur
Ô toi qui as le soleil sur le front
belle enfant aux yeux d'or
mon enfant aux yeux d'or,
Poussant des cris fous à tue-tête
l'été m'a filé sous le nez
sans que j'aie pu t'apporter
un bouquet de violettes mauves.
Que veux-tu
les amis avaient faim
on a mangé l'argent des violettes